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LETTRE PASTORALE.


du royaume, tandis qu’il réside depuis quinze années dans ses terres, où il répand plus de bienfaits que vous ne faites dans votre diocèse, quoique vous soyez plus riche que lui. Vous le traitiez de mercenaire dans le temps même qu’il donnait des secours généreux à votre neveu, dont les terres sont voisines des siennes : ainsi vous couronnez vos calomnies par la lâcheté et par l’ingratitude. Si c’est un jésuite qui est l’auteur de votre brochure, comme on le croit, vous êtes bien à plaindre de l’avoir signée ; si c’est vous qui l’avez faite, ce qu’on ne croit pas, vous êtes plus à plaindre encore. Vous savez tout ce que vos parents et tout ce que des hommes d’honneur vous ont écrit sur le scandale que vous avez donné, qui déshonorerait à jamais l’épiscopat, et qui le rendrait méprisable, s’il pouvait l’être. On a épuisé toutes les voies de l’honnêteté pour vous faire rentrer en vous-même. Il ne reste plus à une famille considérable, si insolemment outragée, qu’à dénoncer au public l’auteur du libelle comme un scélérat dont on dédaigne de se venger, mais qu’on doit faire connaître. On ne veut pas soupçonner que vous ayez pu composer ce tissu d’infamies, dans lequel il y a quelque ombre d’érudition ; mais, quel que soit son abominable auteur, on ne lui répond qu’en servant la religion qu’il déshonore, en continuant à faire du bien, et en priant Dieu qu’il convertisse une âme si perverse et si lâche, s’il est possible pourtant qu’un calomniateur se convertisse.

FIN DE LA LETTRE PASTORALE.