pour raison de l’assassinat commis en la personne de feu bonne mémoire Henri de Valois, naguère roi de France et de Pologne : Sa Majesté, de l’avis de sondit conseil, a ordonné et ordonne que le corps dudit Clément soit tiré à quatre chevaux ; ce fait, ledit corps brûlé et mis en cendres, jeté à la rivière, à ce qu’il n’en soit à l’avenir aucune mémoire. Fait à Saint-Cloud, Sadite Majesté y étant. »
Un homme qui fait une histoire de Henri IV après de Thou, Mézerai, Daniel, et tant d’autres, doit au moins puiser quelque chose de nouveau dans les sources. Et ce n’est pas la peine d’écrire quand on ne fait que répéter, et tronquer, sans ordre et sans liaison, des faits connus de tout le monde.
Ce qui fait peine encore dans cette histoire, c’est que les événements n’y sont presque jamais à leur place. On y parle souvent de faits dont on n’a précédemment donné aucune idée ; le lecteur ne sait point où il en est ; il se trouve continuellement égaré ; en voici un exemple.
En parlant de la mort du duc d’Anjou, dernier fils du roi Henri II, l’auteur s’exprime ainsi[1] : « Le bruit courut qu’il avait été empoisonné ; mais la véritable cause de sa mort fut le chagrin qu’il avait conçu du mauvais succès de ses entreprises, et, en dernier lieu, de celle d’Anvers. »
Mais par qui et pourquoi aurait-il été empoisonné ? Quelles étaient ses entreprises ? quelle était celle d’Anvers ? C’est ce que l’auteur ne dit pas ; et c’est sur quoi de Thou et Mézerai, que l’auteur méprise si fort, donnent de grandes lumières.
« Le légat voyant une armée victorieuse près[2] de Paris. » Quel était ce légat ? il était important de le savoir ; l’auteur n’en dit qu’un seul mot dans le premier tome. Il devait dire que Sixte-Quint envoya en France le cardinal Cajetan avec le jésuite Bellarmin et Panigarole, et que tous trois étaient vendus à Philippe II ; qu’il arriva à Lyon le 9 novembre 1589 ; que Henri IV, en le déclarant son ennemi, et en protestant de nullité contre toutes ses entreprises, eut la générosité et la prudence de le faire recevoir avec honneur dans toutes les villes qui lui obéissaient. Il fallait surtout dire que ce légat, dont le duc de Mayenne se défiait autant que Henri IV, cabalait alors, c’est-à-dire en 1590, pour faire donner le royaume de France à l’infante Claire-Eugénie.