SUR LES AUTEURS ANGLAIS. 483
��DE TOLAND,
��Toland a porté des coups plus violents. C'était une âme flère et indépendante ; né dans la pauvreté, il pouvait s'élever à la fortune s'il avait été plus modéré. La persécution l'irrita ; il écrivit contre la religion chrétienne par haine et par vengeance.
Dans son premier livre, intitulé la Religion chrétienne sans mystères, il avait écrit lui-même un peu mystérieusement, et sa hardiesse était couverte d'un voile. On le condamna ; on le pour- suivit en Irlande : le voile fut bientôt déchiré. Ses Origines judaï- ques, son Nazaréen, son Pantheisticon, furent autant de combats qu'il livra ouvertement au christianisme. Ce qui est étrange, c'est qu'ayant été opprimé en Irlande pour le plus circonspect de ses ouvrages, il ne fut jamais troublé en Angleterre pour les livres les plus audacieux.
On l'accusa d'avoir fini son Pantheisticon par cette prière blas- phématoire, qui se trouve en effet dans quelques éditions: « Om- nipotens et sempiterne Bacche, qui hominum corda donis tuis recréas, concède propitius ut qui hesternis poculis segroti facti sunt, hodiernis curentur, per pocula poculorum. Amen! »
Mais comme cette profanation était une parodie d'une prière de l'Église romaine, les Anglais n'en furent point choqués. Au reste, il est démontré que cette prière profane n'est point de To- land ; elle avait été faite deux cents ans auparavant en France par une société de buveurs : on la trouve dans le Carême allégo- risé, imprimé en 1563. Ce fou de jésuite Garasse en parle dans sa Doctrine curieuse, livre II, page 201.
Toland mourut avec un grand courage en 1121K Ses dernières paroles furent : Je vais dormir. Il y a encore quelques pièces de vers en l'honneur de sa mémoire ; ils ne sont pas faits par des prêtres de l'Église anghcane.
��DE LOCKE.
��C'est à tort qu'on a compté le grand philosophe Locke parmi les ennemis de la rehgion chrétienne. Il est vrai que son livre du Christianisme raisonnable^ s'écarte assez de la foi ordinaire; mais
1. Né le 30 novembre 1670, Toland est mort le il mai 1722.
2. La traduction française par P. Coste est intitulée Que la religion chrétienne est très-raisonnable telle qu'elle nous est représentée dans l'Écriture sainte: 1G9G, et 1703, deux volumes in-8°. 11 y a des réimpressions sous le titre de Christia- nisme raisonnable.
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