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484 LETTRE

la religion des primitifs appelés trembleurs, qui fait une si grande figure en Pensylvanie, est encore plus éloignée du christianisme ordinaire ; et cependant ils sont réputés chrétiens.

On lui a imputé de ne point croire l'immortalité de l'âme, parce qu'il était persuadé que Dieu, le maître absolu de tout, pouvait donner (s'il voulait) le sentiment et la pensée à la matière. M. de Voltaire l'a bien vengé de ce reproche^ Il a prouvé que Dieu peut conserver éternellement l'atome, la monade, qu'il aura daigné favoriser du don de la pensée. C'était le sentiment du célèbre et saint prêtre Gassendi, pieux défenseur de ce que la doc- trine d'Épicure peut avoir de bon. Voyez sa fameuse lettre à Descartes.

(( D'où vous vient cette notion ? Si elle procède du corps, il faut que vous ne soyez pas sans extension. Apprenez -nous comment il sapeut faire que l'espèce ou l'idée du corps, qui est étendu, puisse être reçue dans vous, c'est-à-dire dans une substance non étendue... Il est vrai que vous connaissez que vous pensez, mais vous ignorez quelle espèce de substance vous êtes, vous qui pensez, quoique l'opération de la pensée vous soit connue. Le principal de votre essence vous est caché, et vous ne savez point quelle est la nature de cette substance, dont l'une des opérations est de penser, etc. »

Locke mourut en paix, disant à M'"'= Masham et à ses amis qui l'entouraient : La vie est une pure vanité.

DE L'ÉVÉQI'E TAYLOR, ET DE TINDAL.

On a mis peut-être avec autant d'injustice Taylor, évêque de Connor, parmi les mécréants, à cause de son livre du Guide des douteurs.

Mais pour le docteur Tindal, auteur du Christianisme aussi an- cien que le monde, il a été constamment le plus intrépide soutien de la religion naturelle, ainsi que de la maison royale de Ha- novre. C'était un des plus savants hommes d'Angleterre dans l'histoire. Il fut honoré jusqu'à sa mort d'une pension de deux cents livres sterling. Comme il ne goûtait pas les livres de Pope ; qu'il le trouvait absolument sans génie et sans imagination, et ne lui accordait que le talent de versifier et de mettre en œuvre l'esprit des autres. Pope fut son implacable ennemi. Tindal de plus était un whig ardent, et Pope un jacobite. Il n'est pas éton-

1. Voyez tome XXII, page 121 et suiv.

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