Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome26.djvu/495

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR LES AUTEURS ANGLAIS. 485

nant que Pope l'ait déchiré dans sa Dunciade, ouvrage imité de Dryden, et trop rempli de bassesses et d'images dégoûtantes.

��DE COLLINS.

Un des plus terribles ennemis de la religion chrétienne a été Antoine Collins, grand trésorier de la comté d'Essex, bon méta- physicien, et d'une grande érudition. Il est triste qu'il n'ait fait usage de sa profonde dialectique que contre le christianisme. Le docteur Clarke, célèbre socinien, auteur d'un très-bon livre où il démontre l'existence de Dieu, n'a jamais pu répondre aux livres de Collins d'une manière satisfaisante, et a été réduit aux injures.

Ses Recherches philosophiques sur la liberté de l'homme, sur les fondements de la religion chrétienne, sur les prophéties littérales, sur la liberté de penser, sont malheureusement demeurées des ouvrages victorieux,

DE WOOLSTO^.

Le trop fameux Thomas Woolston, maître es arts de Cam- bridge, se distingua, vers l'an 1726, par ses discours contre les miracles de Jésus-Christ, et leva l'étendard si hautement qu'il faisait vendre à Londres son ouvrage dans sa propre maison. On en fit trois éditions coup sur coup, de dix mille exemplaires cha- cune.

Personne n'avait encore porté si loin la témérité et le scandale. Il traite de contes puérils et extravagants les miracles et la résur- rection de notre Sauveur. Il dit que quand Jésus-Christ changea l'eau en vin pour des convives qui étaient déjà ivres, c'est qu'appa- remment il fit du punch. Dieu emporté par le diable sur le pinacle du temple, et sur une montagne dont on voyait tous les royaumes de la terre, lui paraît un blasphème monstrueux. Le diable envoyé dans un troupeau de deux mille cochons, le figuier séché pour n'avoir pas porté de figues quand ce n'était pas le temps des figues, la transfiguration de Jésus, ses habits devenus tout blancs, sa conversation avec Moïse et Élie, enfin toute son histoire sacrée est travestie en roman ridicule. Woolston n'épargne pas les termes les plus injurieux et les plus méprisants. Il appelle souvent notre Seigneur Jésus-Christ : the felloio, ce compagnon, ce garnement; a wanderer, un vagabond; amendicant friar, un frère coupe-chou mendiant,

11 se sauve pourtant à la faveur du sens mystique, en disant

�� �