Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

114 REMONTRANCES

presque toujours fatal à la vertu. Ajoutons surtout qu'il y a moins cratliées aujourd'hui que jamais, depuis que les philosophes ont reconnu quil n'y a aucun être végétant sans germe, aucun germe sans dessein, etc., et que le blé ne vient point de pour- riture.

« Des géomètres non philosophes ont rejeté les causes finales, mais les vrais philosophes les admettent ; et, comme l'a dit un auteur, très-connu S un catéchiste annonce Dieu aux enfants, et New- ton le démontre aux sages. »

Mais voici des choses plus sérieuses : on dit que vous êtes un théiste inconsidéré, un théiste vaillant, un théiste inconstant, un chrétien déserteur, un mauvais théiste, un calomniateur de tous les partis ; on vous reproche de falsifier tout ce que vous rap- portez ; de mentir continuellement, en attaquant sans pudeur et le théisme et le christianisme. On se plaint que vous imputiez, dans vingt endroits, aux théistes de n'admettre ni peines ni récompenses après la mort, et que vous les accusiez de ressem- bler à la fois aux épicuriens, qui n'admettent que des dieux inu- tiles, et aux Juifs, qui, jusqu'au temps d'Hérode, ne connurent ni l'immortalité de l'âme dont le Pentateuque n'a jamais parlé, ni la justice de Dieu dans une autre vie, de laquelle le Pentateuque n'a point parlé davantage. Vous osez charger de ces impiétés les plus sages, les plus pieux théistes, c'est-à-dire ceux qui ouvrent le sanctuaire de la religion par les mains de Dieu même avant d'y entrer avec Jésus. Lisez leurs livres, et voyez-y votre condam- nation.

La Profession de foi des théistes ^ est un ouvrage presque divin, adressé à un grand roi ; on y lit ces paroles : « Nous adorons, depuis le commencement des choses, la divinité unique, éter- nelle, rémunératrice de la vertu et vengeresse du crime : jusque- là tous les hommes sont d'accord, tous répètent après nous cette confession de foi. Le centre où tous les hommes se réunissent dans tous les temps, dans tous les lieux, est donc la vérité, et les écarts de ce centre sont donc le mensonge. »

Au reste, quand nous disons que cet ouvrage est presque divin, nous ne prétendons louer que la saine morale, l'adoration de l'Être suprême, la bienfaisance, la tolérance, que ce petit livre enseigne ; et nous regardons ces préceptes comme des prépara- tions à l'Évangile.

��1. Voltaire lui-mêua*' voyez tome XVII, page 476; XX, 506; XXT, 553; XXVI, 525.

2. Voyez ci-dessus, page 55.

�� �� �