sources sont pures. (Voyez[1] ce qu’on a dit à ce sujet dans la Philosophie de l’Histoire, qui sert d’introduction à l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations depuis Charlemagme, etc.)
L’auteur de l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations doute, avec les plus grands publicistes d’Allemagne, que Pepin d’Austrasie ait donné l’exarchat de Ravenne à l’évêque de Rome Étienne III ; il ne croit pas cette donation plus authentique que l’apparition de saint Pierre, de saint Paul, et de saint Denis, suivis d’un diacre et d’un sous-diacre, qui descendirent du ciel empyrée pour guérir cet évêque Étienne de la fièvre, dans le monastère de Saint-Denis. Il ne la croit pas plus avérée que la lettre écrite et signée dans le ciel par saint Paul et saint Pierre, au même Pepin d’Austrasie, ou que toutes les légendes de ces temps sauvages.
Quand même cette donation de l’exarchat de Ravenne eût été réellement faite, elle n’aurait pas plus de validité que la concession d’une île par don Quichotte à son écuyer Sancho-Pança.
Pepin, majordome du jeune Childéric, roi des Francs, n’était qu’un domestique rebelle devenu usurpateur[2]. Non-seulement il détrôna son maître par la force et par l’artifice, mais il l’enferma dans un repaire de moines, et l’y laissa périr de misère. Ayant chassé ses deux frères, qui partageaient avec lui une autorité usurpée ; ayant forcé l’un de se retirer chez le duc d’Aquitaine, l’autre à se tondre et à s’ensevelir dans l’abbaye du Mont-Cassin ; devenu enfin maître absolu, il se fit sacrer roi des Francs, à la manière des rois lombards, par saint Boniface, évêque de Mayence : étrange cérémonie pour un saint que celle de couronner et de consacrer la rébellion, l’ingratitude, l’usurpation, la violation des lois divines et humaines, et de celles de la nature ! De quel droit cet Austrasien aurait-il pu donner la province de Ravenne et la Pentapole à un évêque de Rome ? Elles appartenaient, ainsi que Rome, à l’empereur grec. Les Lombards s’étaient emparés de l’exarchat ; jamais aucun évêque, jusqu’à ce temps,