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408 RÉPONSE

Il y a toujours dans une société de religieux des fanatiques empressés d'écrire. Un ex-jésuite nommé Patouillet, et un autre nommé Nonotte, se signalèrent contre moi, dans cette extrava- gante idée que j'avais contribué à la ruine de la compagnie de Jésus, et que par conséquent j'étais un franc hérétique. Ils m'honorèrent assez pour mêler mon nom dans les libelles qu'ils publièrent contre les parlements, qu'on daigna même faire brûler par les garçons du bourreau, tandis qu'on brûlait réelle- ment en Portugal le révérend père .Alalagrida.

Frère Patouillet fit, sous le nom de M, de Montillet, arche- vêque d'Auch, un mandement extrêmement sage^ Ce mandement est l'éloge des frères jésuites. Les assertions d'un célèbre con- seiller de la grand'chambre de Paris-, adoptées par le parlement, et qui ont servi à la condamnation de l'ordre, y sont traitées (page 50) d'ouvrage de ténèbres. Les parlements (page /i8) y sont appelés les vrais ennemis des deux puissances, mille fois abattus, et néanmoins toujours relevés, toujours animés de la rage la plus noire, etc.

On me fait l'honneur, dans ce bel écrit, de dire que je suis un auteur mercenaire, dans le temps même que je prêtais de l'argent assez honnêtement au propre neveu de l'archevêque d'Auch. On m'appelle vagabond, tandis que je ne suis pas sorti de mon château depuis plus de dix années.

Enfin le mandement de Patouillet, signé malheureusement Montillet, exerça encore la main du bourreau ^ Ces feux de joie, qu'on faisait par toute la France, ne m'empêchèrent pas de recueillir chez moi un jésuite \ qui me parut un honnête homme. Il y est encore ; je ne lui ai jamais fait sentir la bêtise insolente de quelques-uns de ses confrères, et il sait combien j'estime ceux de son ordre qui se sont distingués par leurs vertus et par leurs talents: j'ai toujours rendu justice au mérite partout où je l'ai trouvé.

Quant au jésuite Nonotte, on ne le connaissait point. Un avocat de Besancon, dont j'ai la lettre^ m'a mandé qu'il était fils d'un crocheteur de Besançon, qui lui avait laissé son style pour seul héritage. C'est un fait que je ne garantis pas; je me con- nais plus en style qu'en généalogies. Ce fait est très -peu inté-

1. Voyez lome XXV, page 469.

2. L'abbé de Chauvelin.

3. Voj-ez tome XX, page 280.

4. Le P. Adam.

5. Voyez tome XXVI, pages 151 et 569.

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