Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/459

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CINQUANTE ÉVANGILES. 451

et ils crurent. » Il cite ailleurs * ces dernières paroles comme éXmitdeV Évangile des Hébreux, dont se servent les nazaréens. Cette citation de saint Ignace n'est pas plus exacte que celle de saint Clément Romain.

Non-seulement on peut conclure de là que les Évangiles apo- cryphes ont été cités par les Pères apostoliques, mais en même temps résoudre une grande difficulté touchant les quatre Évan- giles authentiques. C'est que, comme il est incontestable que les noms de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc, et de saint Jean, ne se trouvent dans aucun des Pères apostoliques avant saint Justin, on en infère que leurs Évangiles n'existaient pas, et que les seuls apocryphes avaient cours dans ces premiers temps.

Mais si l'on pose en fait que les Pères apostoliques ont cité peu exactement les Évangiles authentiques, et les apocryphes, sans en nommer aucun, rien n'empêche de dire que saint Matthieu et saint Luc sont cités dans ce passage de saint Clément Romain - : « Car le Seigneur dit : Vous serez comme des agneaux au milieu des loups; mais Pierre, répondant, dit : Si donc les loups mettent les agneaux en pièces? Jésus dit à Pierre : Que les agneaux ne craignent pas les loups après votre mort; et vous, ne craignez pas ceux qui vous tuent, et ensuite ne peuvent rien vous faire; mais craignez celui qui, après que vous serez morts, a la puissance de l'âme et du corps, et les peut envoyer dans la géhenne. »

En effet, on lit dans saint Matthieu-' : « Voilà, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups \ Ne craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'âme; mais plutôt craignez celui qui peut perdre et l'âme et le corps dans la géhenne. » On trouve aussi dans saint Luc^ : « Allez, voilà je vous envoie comme des agneaux entre des loups ^ Or je vous dis, « vous qui êtes mes amis : N'ayez point peur de ceux qui tuent le corps, et après cela n'ont plus rien à faire davantage; mais je vous montrerai qui il faut que vous craigniez. Craignez celui qui, après qu'il aura tué, a la puissance d'envoyer dans la géhenne; oui, je vous dis, craignez celui-là. »

Malgré la ressemblance de ces textes, on insiste sur ce que VÉvangile de saint Matthieu parle de Zacharie, fils de Barachie, qui ne fut tué, suivant Josèphe, que pendant la guerre des Juifs

1. Proœm. in 1. 18 Isaiœ. {Note de 4. Ibid., v. 28. (Note de Voltaire.) Voltaire.) 5. Luc, ch. x, v. 3. (Id.)

2. Epist. 2, ch. V. (W.) 6. Ibid., ch. xii, v. 4 et 5. (Id.)

3. Matth., ch. x, v. 10. {Id.) 7. Bell. Jud., 1. IV, ch. xix. {Id.

�� �