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A M. BERGIER. 39

aux enfers, qu'il eût deux natures et deux volontés; que Marie fût mère de Dieu ; que les laïques ne dussent pas faire la pâque avec du vin ; qu'il y eût un chef de l'Église qui dût être souverain de Rome, qu'on dût acheter de lui des dispenses et des indulgences; qu'on dût adorer les cadavres d'un culte de dulie, et cent autres nouveautés qui ont ensenglanté la terre pendant tant de siècles. Ce sont là les funestes assertions de nos ennemis; ce sont là les prestiges que vous deviez détruire.

VII.

Il serait très-digne de vous de distinguer ce qui est nécessaire et divin, de ce qui est inutile et d'invention humaine.

Vous savez que la première nécessité est d'aimer Dieu et son prochain, comme tous les peuples éclairés l'ont reconnu de tous les temps. La justice, la charité, marchent avant tout. La Brin- villiers, la Voisin, la Tofana S cette célèhre empoisonneuse de Naples, croyaient que Jésus-Christ avait deux natures et une per- sonne, et que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils; Ra- vaillac, le jésuite Le Tellier, et Damiens, en étaient persuadés. Il faut donc, à ce qu'il nous scmhle, insister beaucoup sur ce premier, sur ce grand devoir d'aimer Dieu-, de le craindre, et d'être justes

VIII.

A l'égard de la foi, comme les écrits de saint Paul sont les seuls dans lesquels le précepte de croire soit exposé avec étendue, ne pourriez-vous pas expliquer clairement ce que veut dire ce grand apôtre par ces paroles divines adressées aux Juifs de Rome et non aux Romains, car les Juifs n'étaient pas Romains :

« La circoncision est utile si vous observez la loi judaïque ; mais si vous prévariquez contre cette loi, votre circoncision de- vient prépuce ? Si donc le prépuce garde les justices de la loi, ce prépuce ne sera-t-il pas réputé circoncision ? Ce qui est prépuce de sa nature, consommant la loi, te jugera, toi qui prévariques contre la loi par la lettre et la circoncision (chap. ii, v. 25, 26, 27); et ensuite détruisons-nous donc la loi (c'est toujours la loi judaïque) ? à Dieu ne plaise! mais nous établissons la foi (chap. m, V. 31)... Si Abraham a été justifié par ses œuvres, il y a de quoi se glorifier, mais non devant Dieu » (chap. iv, v. 2).

1. Voyez tome XVIII, page 531.

2. Matthieu, xxii, 37, 39 : Marc, xir, 30, 31 ; Luc, x, 27.

3. « Diliges Dominuni Deum tuum, et proxiraum luum sicut te ipsuin. » (A'ofe de Voltaire.)

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