Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/473

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IV. — Ensuite il apparut à Anne son épouse, disant : Ne craignez point, Anne, et ne pensez pas que ce que vous voyez soit un fantôme[1]. Car je suis ce même ange qui ai porté devant Dieu vos prières et vos aumônes[2] ; et maintenant je suis envoyé vers vous pour annoncer qu’il vous naîtra une fille, laquelle étant appelée Marie sera bénie sur toutes les femmes[3]. Elle sera pleine de la grâce du Seigneur. Aussitôt après sa naissance, elle restera trois ans dans la maison paternelle pour être sevrée ; après quoi elle ne sortira point du temple où elle sera comme engagée au service du Seigneur jusqu’à l’âge de raison ; enfin y servant Dieu nuit et jour par des jeûnes et des oraisons, elle s’abstiendra de tout ce qui est impur, ne connaîtra jamais d’homme ; mais seule sans exemple, sans tache, sans corruption, cette vierge, sans mélange d’homme, engendrera un fils ; cette servante enfantera le Seigneur, le Sauveur du monde par sa grâce, par son nom, et par son œuvre. C’est pourquoi levez-vous, allez à Jérusalem ; et lorsque vous serez arrivée à la porte d’or, ainsi nommée parce qu’elle est dorée, vous aurez pour signe au devant de vous votre mari dont l’état de la santé vous inquiète. Lors donc que ces choses seront arrivées, sachez que les choses que je vous annonce s’accompliront indubitablement.

V. — Suivant donc le commandement de l’ange, l’un et l’autre, partant du lieu où ils étaient, montèrent à Jérusalem ; et lorsqu’ils furent arrivés au lieu désigné par la prédiction de l’ange, ils s’y trouvèrent l’un au devant de l’autre. Alors, joyeux de leur vision mutuelle, et rassurés par la certitude de la lignée promise, ils rendirent grâces comme ils le devaient au Seigneur qui élève les humbles[4]. C’est pourquoi ayant adoré le Seigneur, ils retournèrent à la maison où ils attendaient avec assurance et avec joie la promesse divine. Anne conçut donc et accoucha d’une fille ; et, suivant le commandement de l’ange, ses parents l’appelaient Marie.

VI. — Et lorsque le terme de trois ans fut révolu, et que le temps de la sevrer fut accompli, ils amenèrent au temple du Seigneur cette vierge avec des oblations. Or, il y avait autour du temple quinze degrés à monter[5] selon les quinze psaumes des degrés. Car, parce que le temple était bâti sur une montagne, il

  1. Matth., ch. xiv, v.. 26. (Note de Voltaire.)
  2. Tob., ch. xii, v. 15 ; Apocal., ch. viii, v. 3. (Id.)
  3. Luc, ch. i, vers. 42. (Id.)
  4. Luc, ch. i, v. 52. (Id.)
  5. Ézéchiel, ch. xl, v. 6, 34 et suiv. (Id.)