Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/476

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IX. — Or, en ces jours-là, c’est-à-dire au premier temps de son arrivée en Galilée, l’ange lui fut envoyé de Dieu pour lui raconter qu’elle concevrait le Seigneur, et lui expliquer principalement la manière et l’ordre de la conception. Enfin étant entré vers elle, il remplit la chambre où elle demeurait d’une grande lumière, et la saluant très-gracieusement, il lui dit : Je vous salue, Marie, vierge du Seigneur, très-agréable, vierge pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie par-dessus toutes les femmes, bénie par-dessus tous les hommes nés jusqu’à présent. Mais la vierge, qui connaissait déjà bien les visages des anges, et qui était accoutumée à la lumière céleste, ne fut point effrayée de voir un ange, ni étonnée de la grandeur de la lumière ; mais son seul discours la troubla, et elle commença à penser quelle pouvait être cette salutation si extraordinaire, ce qu’elle présageait, ou quelle fin elle devait avoir. L’ange divinement inspiré allant au-devant de cette pensée : Ne craignez point, dit-il, Marie, comme si je cachais par cette salutation quelque chose de contraire à votre chasteté. Car vous avez trouvé grâce devant le Seigneur, parce que vous avez choisi la chasteté. C’est pourquoi, étant vierge, vous concevrez sans péché et enfanterez un fils. Celui-là sera grand, parce qu’il dominera[1] depuis la mer jusqu’à la mer, et depuis le fleuve jusqu’aux extrémités de la terre. Et il sera appelé le fils du Très-Haut, parce qu’en naissant humble sur la terre il règne élevé dans le ciel. Et le Seigneur Dieu lui donnera le siége de David son père, et il régnera à jamais dans la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin. Il est lui-même le roi des rois[2], et le Seigneur des seigneurs ; et son trône[3] subsistera dans le siècle du siècle. La vierge crut à ces paroles de l’ange ; mais voulant savoir la manière, elle répondit : Comment cela pourra-t-il se faire ? car, puisque suivant mon vœu je ne connais jamais d’homme, comment pourrai-je enfanter sans l’accroissement de la semence de l’homme ? À cela l’ange lui dit : Ne comptez pas, Marie, que vous conceviez d’une manière humaine. Car sans mélange d’homme vous concevrez vierge, vous enfanterez vierge, vous nourrirez vierge. Car le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre contre les ardeurs de l’impureté. C’est pourquoi ce qui naîtra de vous sera seul saint, parce que, seul conçu et né sans péché, il

  1. Ps. lxxi, v. 8. (Note de Voltaire.)
  2. Deutéronome, ch. x, v. 17 ; et I., Timot., ch. vi, v. 15. (Id.)
  3. Ps. xliv, v. 7. (Id.)