Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/480

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puis-je être comparée ? Je ne puis être comparée avec la terre parce que la terre porte ses fruits en son temps, et vous bénit, Seigneur.

IV. — Et voici que l’ange du Seigneur vola vers elle en lui disant : Anne, Dieu a exaucé votre prière ; vous concevrez et vous enfanterez, et votre enfant sera célèbre dans tout le monde ; mais Anne dit : Le Seigneur mon Dieu est vivant : soit que j’engendre garçon ou fille, je l’offrirai au Seigneur notre Dieu[1], et il servira dans les choses sacrées tous les jours de sa vie. Et voici que deux anges vinrent en lui disant : Joachim, votre mari, vient avec ses troupeaux ; car l’ange du Seigneur est descendu vers lui, disant : Joachim, Joachim, le Seigneur a exaucé votre prière, descendez d’ici. Voici que Anne votre femme concevra dans son sein ; et Joachim descendit, et il appela ses bergers, disant : Apportez-moi ici dix agneaux femelles [pures et sans taches], et elles seront pour le Seigneur mon Dieu ; et amenez-moi douze veaux purs, et ils seront pour les prêtres et pour le clergé, soit pour l’assemblée des vieillards ; et apportez-moi cent boucs, et les cent boucs seront pour tout le peuple. Et voici que Joachim vient avec ses troupeaux, et Anne se tenait debout sur la porte, et elle vit Joachim qui venait avec ses troupeaux ; et, accourant, elle s’attacha à son cou, disant : À présent je connais que le Seigneur Dieu m’a extrêmement bénie ; car moi qui étais veuve, je ne suis plus veuve, et moi qui étais stérile, j’ai conçu dans mon sein. Et Joachim se reposa dans sa maison le premier jour.

V. — Le lendemain il offrit ses dons, disant en soi-même : Si le Seigneur Dieu me bénit, la lame du prêtre[2] me le fera connaître ; [et Joachim offrit ses dons], et fit attention à la lame [soit à l’éphod ou au rational] du prêtre, lorsqu’il fut admis à l’autel du Seigneur, et il ne vit point de péché en soi ; et Joachim dit : À présent j’ai connu que Dieu a eu pitié de moi, et m’a remis tous mes péchés ; et il descendit justifié[3] de la maison du Seigneur, et il vint dans sa maison. Ainsi, Anne conçut, et ses six mois furent accomplis ; mais au neuvième mois, Anne enfanta, et dit à la sage-femme : Qu’est-ce que j’ai enfanté ? Elle dit : Une femme ; et Anne dit : Mon âme est magnifiée à cette heure-ci, et elle se recoucha. Or, les jours étant accomplis, Anne fut purifiée, et elle allaitait sa fille, et nomma son nom Marie.

  1. Samuel, i, ult. (Note de Voltaire.)
  2. Exod., ch. xxviii, v. 36. (Id.)
  3. Luc, ch. xviii, v. 14. (Id.)