Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI. — Or, la petite fille se fortifiait de jour en jour, et lorsqu’elle eut six mois, sa mère la posa par terre pour essayer si elle se tiendrait debout ; et elle fit sept pas en marchant, et elle vint dans le sein de sa mère ; et Anne dit : Le Seigneur mon Dieu est vivant, parce que vous ne marcherez pas sur la terre jusqu’à ce que je vous aie présentée au temple du Seigneur ; et elle fit la sanctification dans son lit ; et tout ce qui est souillé, elle avait soin de le séparer d’elle à cause d’elle, et elle appela des filles d’Hébreux sans tache, et elles la soignaient. Et la première année de la petite fille s’accomplit ; et Joachim fit un grand repas[1] ; et il y invita les princes des prêtres, et les scribes, et tout le sénat, et tout le peuple d’Israël. Et il offrit des [présents] aux princes des prêtres ; et ils le bénirent, disant : Dieu de nos pères, bénissez cette jeune fille, et donnez-lui un nom célèbre éternellement dans toutes les générations. Et tout le peuple dit : Soit fait, soit fait, ainsi soit-il. Et il la présenta aux prêtres ; et ils la bénirent, disant : Dieu très-haut, regardez cette petite fille, et bénissez-la d’une bénédiction qui n’ait point de relâche. Sa mère la prit et lui donna à téter ; et[2] Anne fit un cantique au Seigneur Dieu, disant : Je chanterai louange au Seigneur mon Dieu, parce qu’il m a visitée, et m’a délivrée de l’opprobre de mes ennemis, et le Seigneur Dieu m’a donné un fruit de sa grande miséricorde en sa présence. Qui est-ce qui annoncera aux fils de Ruben qu’Anne allaite ? [Écoutez, écoutez ; douze tribus d’Israël, parce que Anne allaite.] Et elle la recoucha dans le lieu de sa sanctification, et elle sortit, et elle les servait. Et ayant achevé le festin, ils se retirèrent tout joyeux [et ils lui donnèrent le nom de Marie] en glorifiant le Dieu d’Israël.

VII. — Or, la petite fille avançait en âge, et lorsqu’elle eut deux ans, Joachim dit à Anne son épouse : Introduisons-la dans le temple de Dieu, afin que nous rendions notre vœu que nous avons promis, de peur que Dieu ne nous l’enlève ou ne s’irrite contre nous. Et Anne dit : Attendons la troisième année, de peur que la petite fille ne demande son père et sa mère. Et Joachim dit : Attendons. Et la petite fille eut trois ans, et Joachim dit : Appelez des petites filles des Hébreux sans tache, et qu’elles reçoivent en particulier des lampes ; et qu’elles soient allumées, de peur que la petite fille ne se retourne en arrière, et que son esprit ne soit détourné du temple de Dieu. Et ils firent ainsi,

  1. Genes., chap. xxi, v. 8. (Note de Voltaire.)
  2. I., Sam. 2 ; Luc. i. (Id.)