Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/505

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os brisés. Ainsi il périt misérablement ; et ce proverbe d’un auteur s’accomplit en elle[1] : « Ils ont creusé un puits, et ont jeté la terre fort loin ; mais ils sont tombés dans la fosse qu’ils avaient préparée. »

XXX. — Il y avait une autre femme qui avait deux enfants attaqués de la même maladie : l’un étant mort et l’autre près de mourir, elle le prit dans ses bras, et le porta à la divine dame Marie en fondant en larmes : Ô madame ! dit-elle, aidez-moi, et me donnez du secours ; car j’avais deux fils, je viens d’en ensevelir un, et je vois l’autre à deux doigts de la mort ; voyez comment je demande grâce à Dieu, et je le prie humblement ; et elle commença à dire : Ô Seigneur ! vous êtes clément, miséricordieux et doux ! vous m’avez donné deux fils, et comme vous en avez retiré un à vous, laissez-moi au moins celui-ci. C’est pourquoi la divine Marie, voyant la violence de ses larmes, eut pitié d’elle, et lui dit : Hé ! mettez votre fils dans le lit de mon fils, et couvrez-le de ses habits. Et lorsqu’elle l’eut mis dans le lit où le Christ était couché [or ses yeux allaient se fermer pour toujours], aussitôt que l’odeur des habits du Seigneur Jésus-Christ eut touché cet enfant, ses yeux s’ouvrirent, et, appelant sa mère d’une voix forte[2], il demanda du pain, et quand on lui en eut donné, il le suçait. Alors sa mère dit : Ô dame Marie ! je connais maintenant que la vertu de Dieu habite en vous, de sorte que votre fils guérit les enfants qui deviennent avec lui participants de la même nature, aussitôt qu’ils touchent ses habits. Cet enfant qui fut guéri de cette sorte est celui qui, dans l’Évangile, est appelé Barthélemy[3].

XXXI. — Au reste, il y avait là une femme lépreuse qui, allant voir la divine dame Marie, mère de Jésus, disait : Madame, aidez-moi ; et la divine dame Marie répondait : Quel secours demandez-vous ? Est-ce de l’or ou de l’argent, ou que votre corps soit guéri de la lèpre ? Mais qui est-ce, demandait cette femme, qui pourrait me donner cela ? La divine Marie lui dit : Attendez un moment, jusqu’à ce que j’aie lavé mon fils Jésus, et que je l’aie remis au lit. La femme attendait comme on lui avait dit, et Marie, après qu’elle eut mis Jésus au lit, donnant à la femme l’eau dont elle avait lavé son corps : Prenez, dit-elle, un peu de cette eau, et la répandez sur votre corps ; ce qu’ayant fait, étant guérie sur-le-champ, elle glorifiait Dieu, et lui rendait grâces.

  1. Prov., xxiv, v. 27. (Note de Voltaire.)
  2. Act., ix, v. 40. (Id.)
  3. Matth., x, v. 3 ; Marc, iii, v. 18 ; et Luc, vi, v. 14. (Id.)