Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/511

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connaissez toutes choses, et rien ne vous est caché[1] ; maintenant donc nous vous prions, et nous demandons à votre douceur que vous rétablissiez ces enfants, vos serviteurs, dans leur premier état. Le Seigneur Jésus disait donc : Venez, enfants, afin que nous nous en allions et que nous jouions ; et sur-le-champ, en présence de ces femmes, les chevreaux furent changés, et revinrent sous la forme d’enfants.

XLI. — Au mois d’Adar[2] Jésus assembla des enfants, et les rangea comme étant leur roi ; car ils avaient étendu leurs habits[3] par terre pour qu’il s’assît dessus, et avaient mis sur sa tête une couronne de fleurs, et se tenaient à droite et à gauche comme des gardes se tiennent auprès d’un roi. Or, si quelqu’un passait par ce chemin-là, ces enfants l’amenaient par force, disant : Venez ici, et adorez le roi, afin que vous fassiez un bon voyage.

XLII. — Cependant, tandis que ces choses se passaient, des hommes qui portaient un enfant dans une litière approchaient. Car cet enfant était allé sur la montagne chercher du bois avec ses camarades, et y ayant trouvé un nid de perdrix, et y ayant porté la main pour en prendre les œufs, un malin serpent se glissant du milieu du nid le piqua, de sorte qu’il implorait le secours de ses camarades, lesquels étant accourus promptement le trouvèrent étendu par terre comme mort ; et ses parents étaient venus, et, l’ayant enlevé, ils le reportaient à la ville. Étant donc parvenus à l’endroit où le Seigneur Jésus était assis comme un roi, et les autres enfants l’entouraient comme ses ministres, les enfants couraient au-devant de celui qui avait été mordu du serpent, et disaient à ses proches : Approchez, et saluez le roi. Mais comme ils ne voulaient pas approcher, à cause de la tristesse où ils étaient plongés, les enfants les entraînaient malgré eux. Et quand ils furent venus auprès du Seigneur Jésus, il leur demandait pourquoi ils portaient cet enfant. Et comme ils répondaient qu’un serpent l’avait mordu, le Seigneur Jésus disait aux enfants : Allez avec nous, afin que nous tuions ce serpent. Or les parents de l’enfant demandant qu’on les laissât en aller, parce que leur enfant était à l’agonie de la mort, les enfants répondaient, disant : N’avez-vous pas entendu ce que le roi a dit : Allons, et tuons le serpent ; et vous ne lui obéissez pas ? Et ils faisaient ainsi rebrousser chemin à la litière. Et lorsqu’ils furent arrivés auprès du nid,

  1. Jean, xi, v. 24, seq. ; xvi, v. 30 ; et xxi, v. 17. (Note de Voltaire.)
  2. C’est le douzième chez les Juifs ; il répond à la fin de février et au commencement de mars. (Id.)
  3. Matth., xxi, v. 8. (Id.)