Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/530

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leur donnèrent beaucoup d’argent. Et ils envoyèrent avec eux d’autres hommes, pour les conduire jusque dans leur contrée, afin qu’ils ne s’arrêtassent point à Jérusalem. Tous les Juifs s’assemblèrent donc, et firent entre eux une grande lamentation, disant : Quel est ce prodige qui s’est fait à Jérusalem ? Mais Annas et Caïphas, les consolant, dirent : Est-ce que nous devons croire les soldats qui ont gardé le monument de Jésus, qui nous disent qu’un ange a roulé la pierre de la porte du monument ? Peut-être que ce sont ses disciples qui le leur ont dit, et qui leur ont donné de l’argent pour le leur faire dire, et pour enlever le corps de Jésus. Or sachez qu’il ne faut croire en aucune manière à des étrangers, parce qu’ils ont reçu de nous beaucoup d’argent. Et ils ont dit à tout le monde comme nous leur avons dit de dire. Ou ils nous garderont la foi, ou aux disciples de Jésus.

XV. — Nicodème, se levant donc, dit : Vous parlez à propos, enfants d’Israël. Vous avez entendu tout ce qu’ont dit ces trois hommes jurant en la loi du Seigneur, lesquels ont dit : Nous avons vu Jésus parlant avec ses disciples sur la montagne des Oliviers, et nous l’avons vu monter au ciel. L’Écriture nous enseigne que le bienheureux prophète Élias[1] fut enlevé, et qu’Élisée, interrogé par les fils des prophètes : Où est notre père Élias ? leur dit qu’il a été enlevé. Et les fils des prophètes lui dirent : Peut-être l’esprit l’a-t-il enlevé dans les montagnes d’Israël. Mais choisissons des hommes avec nous, et, parcourant les montagnes d’Israël, peut-être le trouverons-nous. Et ils prièrent Élisée, et il marcha trois jours avec eux, et ils ne le trouvèrent point. Et maintenant, fils d’Israël, écoutez-moi, et envoyons des hommes dans les montagnes d’Israël, de peur que l’esprit n’ait enlevé Jésus, et peut-être nous le trouverons et nous ferons pénitence. Et le conseil de Nicodème plut à tout le peuple, et ils envoyèrent des hommes, et, cherchant, ils ne trouvèrent pas Jésus, et, étant de retour, ils dirent : En allant de côté et d’autre nous n’avons pas trouvé Jésus, mais nous avons trouvé Joseph dans sa ville d’Arimathie. Les princes et tous les peuples entendant ces choses se réjouirent et glorifièrent le Dieu d’Israël, parce qu’on a trouvé Joseph, qu’ils ont enfermé dans une chambre, et qu’ils n’ont pas trouvé. En faisant une grande assemblée, les princes des prêtres dirent : Par quel moyen pouvons-nous faire venir Joseph à nous, et parler avec lui ? Et prenant un tome de papier, ils écrivirent à Joseph, disant : La paix soit avec vous et tous ceux qui sont avec

  1. IV, Reg., chap. ii, v. 11. (Note de Voltaire.)