Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/549

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sieurs des Juifs qui avaient parlé contre le Christ. Les autres virent des fantômes, tels qu’aucun de nous n’en a jamais vu ; et il ne subsista pas à Jérusalem une seule synagogue des Juifs, car elles furent toutes renversées. Au reste, les soldats qui gardaient le sépulcre de Jésus, effrayés de la présence de l’ange, s’en allèrent tout hors d’eux-mêmes par l’excès de la crainte et de la terreur. Ce sont là les choses que j’ai vues se passer de mon temps ; et, faisant le rapport à votre puissance de tout ce que les Juifs ont fait, avec Jésus, Seigneur, je l’ai envoyé à votre divinité. »


Lorsque ces lettres furent arrivées à Rome, et qu’on en eut fait la lecture, plusieurs qui étaient dans la ville étaient tout étonnés que l’injustice de Pilate, les ténèbres, et les tremblements de terre, eussent affligé toute la terre. C’est pourquoi l’empereur, rempli d’indignation, ayant envoyé des soldats, se fit amener Pilate enchaîné.


EXTRAIT


DE JEAN D’ANTIOCHE[1].


Pendant la jeunesse de Néron Auguste, l’administration de la république était entre les mains de Sénèque et de Burrhus. Cependant Néron s’appliquait aux études de la philosophie, et, entre autres, s’informait de Jésus, qu’il croyait certainement être encore vivant. Mais lorsqu’il eut appris que les Juifs l’avaient mis en croix, il en fut si irrité qu’il se fit amener les pontifes Annas et Caïphas, avec Pilate, enchaînés, et les questionna sur tout ce qui s’était passé dans son jugement. Annas et Caïphas dirent que, pour eux, ils l’avaient jugé suivant leurs lois, et qu’ils n’avaient en rien péché contre la majesté du prince, et que tout s’était passé à la volonté du gouverneur Pilate. Ce qu’ayant entendu, Néron mit Pilate en prison, mais renvoya Annas et Caïphas sans leur faire aucun mal. Et peu de temps après, il fit passer Pilate au fil de l’épée, parce qu’il avait osé punir de mort un si grand homme sans l’autorité du prince. Après cela, Néron fit élever Pierre en croix, et décapiter Paul.

  1. In excerptis Peiresc., page 809. (Note de Voltaire.)