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RELATION


DE MARCEL[1].


des choses merveilleuses, et des actes des bienheureux apôtres pierre et paul, et des arts magiques de simon le magicien.


Lorsque Paul fut venu à Rome, tous les Juifs s’assemblèrent auprès de lui, disant : Défendez notre foi dans laquelle vous êtes né, car il n’est pas juste que vous qui êtes Hébreu, venant des Hébreux, vous vous déclariez le maître des Gentils, et que, devenu le défenseur des incirconcis, vous qui êtes circoncis, vous anéantissiez la foi de la circoncision. Lors donc que vous verrez Pierre, entreprenez de disputer contre lui, parce qu’il a anéanti toute l’observation de notre loi ; il a retranché le sabbat et les néoménies[2], et supprimé toutes les fêtes établies par les lois. Paul leur répondit : Vous pourrez éprouver ici que je suis Juif, et vrai Juif, puisque vous pourrez voir que j’observe véritablement le sabbat et la circoncision. Car le jour du sabbat, Dieu se reposa de ses œuvres. Nous avons les pères, et les patriarches, et la loi. Que prêche de tel Pierre dans le royaume des Gentils ? Mais si par hasard il veut introduire quelque nouvelle doctrine, sans trouble, sans envie, et sans bruit, annoncez-lui que nous nous voyions, et je le convaincrai en votre présence. Que si par hasard sa doctrine est munie d’un véritable témoignage, et des livres des Hébreux, il est convenable que nous lui obéissions tous. Comme Paul tenait ces discours et autres semblables, les Juifs allèrent vers Pierre et lui dirent : Paul vient des Hébreux, il vous prie de venir vers lui, parce que ceux qui l’ont amené disent qu’ils ne peuvent pas lui permettre de voir qui il veut, avant qu’ils le présentent à César. Pierre, entendant ces choses, en eut une grande joie, et, se levant aussitôt, il alla vers lui. En se voyant ils pleurèrent de joie, et se tenant très-longtemps embrassés, ils se mouillèrent réciproquement de leurs larmes. Et lorsque Paul lui eut rendu compte de toutes ses affaires, et que Pierre lui eut dit quelles embûches lui dressait Simon le Magicien, Pierre se retira sur le soir, pour revenir le lendemain matin.

À peine le jour commençait avec l’aurore que voilà Pierre qui arrive à la porte de Paul, où il trouva une multitude de Juifs. Or il y avait une grande altercation entre les Juifs, les

  1. Voyez la note 6 de la page 462.
  2. Nouvelles lunes. (Note de Voltaire.)