Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome27.djvu/559

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cisons. Et Pierre dit à Simon : Si la circoncision est mauvaise, pourquoi êtes-vous circoncis ? L’empereur dit : Simon est-il donc aussi circoncis ? Pierre répondit : Il ne pouvait pas autrement tromper les âmes, s’il n’eût pas fait semblant d’être Juif, et n’eût montré qu’il enseignait la loi de Dieu. L’empereur dit : Vous, Simon, comme je vois, vous êtes conduit par le zèle, c’est pourquoi vous les poursuivez. Car il y a, comme je vois, un grand zèle entre vous et leur Christ, et je crains que vous ne soyez convaincu par eux, et que vous ne paraissiez détruit par de grands maux. Simon dit : Êtes-vous séduit, ô empereur ? Néron dit : Qu’est-ce que c’est, êtes-vous séduit ? Ce que je vois en vous, je le dis, que vous êtes l’adversaire évident de Pierre et de Paul, et de leur maître. Simon répondit : Le Christ n’a pas été le maître de Paul. Paul répondit : Celui qui a enseigné Pierre m’a instruit par révélation ; car parce qu’il nous accuse d’être circoncis, qu’il dise maintenant pourquoi il est lui-même circoncis. À cela Simon répondit : Pourquoi m’interrogez-vous là-dessus ? Paul dit : C’est la raison que nous vous interrogions. L’empereur dit : Pourquoi craignez-vous de leur répondre ? Simon dit : Je suis circoncis, moi, parce que la circoncision était commandée de Dieu dans le temps que je la reçus. Paul dit : Avez-vous entendu, empereur, ce qu’a dit Simon ? Si donc la circoncision est bonne, pourquoi avez-vous trahi les circoncis, et les avez-vous obligés d’être tués précipitamment ? L’empereur dit : Mais je ne pense pas bien de vous. Pierre et Paul dirent : Que vous pensiez bien ou mal de nous, cela ne fait rien à la chose, car il faudra nécessairement que ce que notre maître nous a promis se fasse. L’empereur dit : Et si je ne veux pas, moi ? Pierre dit : Ce n’est pas ce que vous voudrez, mais ce qu’il nous a promis. Simon répondit : Bon empereur, ces hommes ont abusé de votre clémence, et vous ont mis dans leur parti. Néron dit : Mais vous ne m’avez pas encore rassuré sur votre compte. Simon répondit : Je suis surpris qu’après que je vous ai fait voir de si grandes choses, et de tels signes, vous paraissiez encore douter. L’empereur répondit : Je ne doute ni ne crois à aucun de vous ; mais répondez-moi plutôt à ce que je vous demande. Simon dit : Je ne vous réponds rien à présent. L’empereur dit : Vous dites cela parce que vous mentez. Et si je ne puis rien vous faire, Dieu, qui est puissant, le fera. Simon dit : Je ne vous répondrai plus. L’empereur dit : Et moi, je ne vous compterai plus pour quelque chose, car, comme je le sens, vous êtes trompeur en tout. Mais à quoi bon plus de discours ? Vous m’avez fait voir tous trois votre esprit indécis, et vous m’avez