trois bons arguments, tels qu’on en voit dans Platon parmi beaucoup de mauvais, pour adorer la Divinité. On n’a pas besoin d’une révélation pour savoir que le soleil, de mois en mois, correspond à des étoiles différentes ; on n’a pas besoin de révélation pour comprendre que l’homme ne s’est pas fait de lui-même, et que nous dépendons d’un Être supérieur quel qu’il soit.
Mais si des charlatans me disent qu’il y a une vertu dans les nombres ; si, en mesurant mes champs, ils me trompent ; si, en observant une étoile, ils prétendent que cette étoile fait ma destinée ; si, en m’annonçant un Dieu juste, ils m’ordonnent de leur donner mon bien de la part de Dieu : alors je les déclare tous des fripons, et je tâche de me conduire par moi-même avec le peu de raison que Dieu m’a donné.
À présent que dans une grande partie de l’Europe on n’a plus de jésuites à flatter ou à détester ; à présent qu’il n’y a plus de mérite à combattre leurs opinions les plus ridicules, et que la haine qu’ils avaient assez méritée est éteinte avec eux, il faut bien convenir qu’ils avaient raison quand ils assuraient que le gouvernement chinois n’a jamais été athée[1]. On avança en Europe ce paradoxe impertinent, parce que les jésuites avaient acquis un très-grand crédit à la Chine avant d’en être chassés. On voulait à Paris qu’ils favorisassent l’athéisme à Pékin, parce qu’ils étaient persécuteurs à Paris.
C’est par ce même esprit de parti, c’est par l’extravagance attachée à toutes les disputes pédantesques, que la Sorbonne s’avisait de condamner à la fois, et Bayle, qui soutenait qu’une société d’athées pouvait subsister[2], et les jésuites, qu’on accusait d’approuver le gouvernement athée des Chinois : de sorte que ces pédants ridicules de Sorbonne prononçaient à la fois le pour et le contre, le oui et le non, ce qui leur est arrivé presque toujours, à eux et à leurs semblables. Ils disaient à Bayle : Il n’est
- ↑ Voyez tome XVIII, page 154.
- ↑ Voyez tome XVII, page 456.