qu’il ne devait pas en porter : car ce n’était pas le temps des figues. Il envoya le diable[1] dans le corps de deux mille cochons, et les fit périr au milieu d’un lac, dans un pays où il n’y a point de cochons, etc., etc. Et, quand il eut fait tous ces beaux miracles, il fut pendu. »
Si les premiers chrétiens n’avaient dit que cela, ils n’auraient jamais attiré personne dans leur parti ; mais ils s’enveloppèrent dans la doctrine de Platon, et alors quelques demi-raisonneurs les prirent pour des philosophes.
Tous les métaphysiciens, tous les théologiens de l’antiquité, furent nécessairement des charlatans qui ne pouvaient s’entendre. Le mot seul l’indique : Métaphysique, au-dessus de la nature ; théologie, connaissance de Dieu. Comment connaître ce qui n’est pas naturel ? Comment l’homme peut-il savoir ce que Dieu a pensé, et ce qu’il est ? Il fallait bien que les métaphysiciens ne dissent que des paroles, puisque les physiciens ne disaient que cela, et qu’ils osaient raisonner sans faire d’expériences. La métaphysique n’a été jusqu’à Locke qu’un vaste champ de chimères ; Locke n’a été vraiment utile que parce qu’il a resserré ce champ où l’on s’égarait. Il n’a eu raison, et il ne s’est fait entendre, que parce qu’il est le seul qui se soit entendu lui-même.
L’obscur Platon, disert plus qu’éloquent, poëte plus que philosophe, sublime parce qu’on ne l’entendait guère, s’était fait admirer chez les Grecs, chez les Romains, chez les Asiatiques et les Africains, par des sophismes éblouissants. Dès que les Ptolémées établirent des écoles dans Alexandrie, elles furent platoniciennes.
Platon, dans un style ampoulé, avait parlé d’un Dieu qui forma le monde par son verbe. Tantôt ce verbe est un fils de Dieu, tantôt c’est la sagesse de Dieu, tantôt c’est le monde qui est le fils de Dieu. Il n’y a point, à la vérité, de Saint-Esprit dans Platon, mais il y a une espèce de trinité. Cette trinité est, si vous voulez, la puissance, la sagesse et la bonté ; si vous voulez aussi, c’est Dieu, le Verbe et le monde. Si vous voulez, vous la trouverez
- ↑ Matth., viii, 32 ; Marc, v, 13.