de la Syrie, d’où tu es chassée ; tu as passé les mers pour venir porter ton inconcevable rage aux extrémités du continent ; et cependant je propose qu’on te conserve, pourvu qu’on te coupe les ongles dont tu as déchiré ma patrie, et les dents dont tu as dévoré nos pères.
Encore une fois, adorons Dieu par Jésus s’il le faut, si l’ignorance a tellement prévalu que ce mot juif doive être encore prononcé ; mais qu’il ne soit plus le mot du guet pour la rapine et pour le carnage.
Dieu des innombrables mondes ! Dieu de justice et de paix, expions par la tolérance les crimes que la fureur exécrable de l’intolérance nous a fait commettre.
Viens chez moi, raisonnable socinien, cher quaker ; viens, bon anabaptiste, dur luthérien, sombre presbytérien, épiscopal[1] très-indifférent, mennonite, millénaire, méthodiste, piétiste ; toi-même, insensé esclave papiste, viens, pourvu que tu n’aies point de poignard dans ta poche : prosternons-nous ensemble devant l’Être suprême, remercions-le de nous avoir donné des poulardes, des chevreuils, et de bon pain pour notre nourriture, une raison pour le connaître, et un cœur pour l’aimer ; soupons ensemble gaiement après lui avoir rendu grâces.
Que les princes papistes fassent comme ils voudront avec l’idole de leur pape, dont ils commencent tous à se moquer. Qu’ils essayent tous leurs efforts pour empêcher que la religion ne soit dangereuse dans leurs États. Qu’ils changent, s’ils le peuvent, d’inutiles moines en bons laboureurs. Qu’ils ne soient plus assez sots pour demander à un prêtre la permission de manger un poulet le vendredi. Qu’ils changent en hôpitaux les écoles de théologie. Qu’ils fassent tout le bien dont ils sont capables. C’est leur affaire. La nôtre est d’être inviolablement attachés à notre heureuse constitution, d’aimer Dieu, la vérité, et notre patrie, et d’adresser au Dieu père de tous les hommes nos prières pour tous les hommes.
Nous entendons les clameurs de nos ecclésiastiques ; ils nous crient : S’il faut adorer Dieu en esprit et en vérité, si les hommes
- ↑ N. B. On appelle épiscopal un homme de la secte des évêques, un homme de la haute Église ; au lieu qu’en France ce mot n’est qu’un adjectif : la grandeur épiscopale, la fierté épiscopale. (Note de Voltaire.)