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ACTH IV, SCÈNE I. liy

Écoute seulement la pitié qui te guide ; Écoute un vrai devoir, et sauve Adélaïde.

ADÉLAÏDE.

Hélas ! ma délivrance augmente mon malheur, .le détestais ces lieux, j’en sors avec terreur.

NEMOinS.

Privez-moi par [)ili( d’une si chère vue ;

Tantôt à ce dé])art ^ous étiez résolue,

Le dessein était pris : n’osez-vous l’achever ?

ADÉLAÏDE.

Ah ! ([uand j’ai voulu fuir, j’espérais vous trouver.

NEMOLllS.

Prisonnier sur ma foi, dans l’horreur ([ui nie presse^

.le suis ])lus enchaîné |)ar ma seule promesse

Que si de cet État les tjrans inhumains

Des fers les plus pesants avaient chargé mes mains.

Au pouvoir de mon frère ici l’honneur me livi’e ;

Je i)eux mourir pour vous, mais je ne peux vous suivre ;

Vous suivrez cet ami par des détours ohscurs,

Qui vous rendront hientôt sous ces coupahles murs.

De la Flandre à sa voix on doit ouvrir la porte ;

Du roi sous les remparts il trouvera l’escorte.

Le temps presse, évitez un ennemi jaloux.

ADÉLAÏDE.

Je vois qu’il faut partir… cher Nemours, et sans vous !

NE.MOLRS.

L’amour nous a rejoints, que l’amour nous sépare.

ADÉLAÏDE.

Qui ! moi ? que je vous laisse au pouvoir d’un barbare ? Seigneur, de votre sang l’Anglais est altéré ; Ce sang à votre frère est-il donc si sacré ? Craindra-t-il d’accorder, dans son courroux funeste, Aux alliés qu’il aime, un ri\al qu’il déteste ?

NE.MOLRS.

Il n’oserait.

ADÉLAÏDE.

Son cœur ne connaît point de frein ; Il vous a menacé, menace-t-il en vain ?

NEMOUUS.

Il tremhlera hientôt : le roi vient et nous venge ;

La moitié de ce peuple à ses drapeaux se range.