232 LE DUC DE FOIX.
- Seigneur, de votre sang le Maure est altéré,
- Ce sang à votre frère est-il donc si sacré ?
Il aime en furieux ; mais il hait plus encore : Il est votre rival, et l’allié du Maure.
- Je crains…
VAMIR.
Il n’oserait…
AMÉLIE.
Son cœur n’a point de frein.
- Il vous a menacé, menace-t-il en vain ?
VAMIR.
- I1 tremblera bientôt : le roi vient, et nous venge ;
- La moitié de ce peuple à ses drapeaux se range.
- Allez : si vous m’aimez, dérobez-vous aux coups
- Des foudres allumés grondants autour de nous ;
- Au tumulte, au carnage, au désordre effroyable,
- Dans des murs pris d’assaut malheur inévitable :
- Mais redoutez encor mon rival furieux ;
- Craignez l’amour jaloux qui veille dans ses yeux :
Cet amour méprisé se tournerait en rage.
Fuyez sa violence : évitez un outrage Qu’il me faudrait laver de son sang et du mien. Seul espoir de ma vie, et mon unique bien, Mettez en sûreté ce seul bien qui me reste : Ne vous exposez pas à cet éclat funeste.
- Cédez à mes douleurs ; qu’il vous perde : partez.
AMÉLIE.
- Et vous VOUS exposez seul à ses cruautés !
VAMIR.
- Ne craignant rien pour vous, je craindrai peu mon frère.
- Que dis-je ? mon appui lui devient nécessaire.
Son captif aujourd’hui, demain son bienfaiteur,
- Je pourrai de son roi lui rendre la faveur.
- Protéger mon rival est la gloire où j’aspire.
Arrachez-vous surtout à son fatal empire : Songez que ce matin vous quittiez ses États.
AMÉLIE.
Ah ! je quittais des lieux que vous n’habitiez pas.
Dans quehpie asile affreux que mon destin m’entraîne,
Vamir, j’y porterai mon amour et ma haine.
Je vous adorerai dans le fond des déserts.
Au milieu des combats, dans l’exil, dans les fers.