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304 A Vi : RUSSE ME NT.

être Siici’ifié à l’autre, et ciui mériteut d’être ctiidiés tous deux par la postérité impartiale.

La Morl de César n’eut que sept représentations dans l’origine. Vingt ans après, en 1763, une comédie-vaudeville assez jolie, V Anglais à Bor- deaux, attirait la foule aux fêtes de la paix. Lekain eut le crédit de faire •éprendre la Mort de César, et la fit aller pendant six représentations à la faveur do la petite pièce ; mais quoique le grand tragédien jouât le rôle de Brutus, la tragédie ne put suivre plus loin l’Anglais à Bordeaux dans le cours de son succès.

Comme pour Bndus, riieure de la revanche sonna plus tard, pendant la période révolutionnaire.

Cette tragédie fut reprise quinze jours après Brutus, le 29 novembre 1791. Tous les passages qui pouvaient faire allusion aux circonstances don- nèrent lieu à de bruyantes manifestations ; mais le discours d’Antoine fut couvert de huées par le parterre. Larive, chargé du rôle de Brutus, déploya un très-beau talent.

Ce ne fut que deux ans plus tard que Gohier se chargea de « mettre Vol- taire au pas » en refaisant le discours conlre-révoluiionnaire de ce modéré d’Antoine.

Après le 9 thermidor, le revirement de l’opinion fut immédiat. Quand on reprit la Mort de César au théâtre Feydeau, ! e dénoùment de Gohier fut abandonné. Brutus et les conspirateurs romains furent siffles, et le dis- cours d’Antoine excita au contraire le plus vif enthousiasme. Ce fut un des motifs qui firent dénoncer le théâtre Feydeau au Directoire, et qui en firent ordonner la clôture qui fut maintenue plus d’un mois, du 8 ventôse au 13 germinal an IV.