ACTE I, S CE M- IV. 329
Vous que ma l)ontc seule invite à m’outraj^er. Sans craindre que César s’abaisse à se venj^^or. Voilà ce qui vous donne une Ame assez hardie Pour oser me parler de Rome et de patrie ; l’onr afl’ecter ici cette illustre hauteur El ces f,n’ands sentiments devant votre vain(iueur. Il les fallait avoir aux plaines de Pliarsale. La fortune entre nous devient trop inégale : Si vous n’avez su vaincre, apprenez à servir,
BliUTUS.
César, aucun de nous n"ai)prendra qu’à mourir.
Nul ne m’en désavoue, et nul, en Thessalie,
N’abaissa son courage à demander la vie.
Tu nous laissas le jour, mais pour nous avilir ;
Et nous le détestons, s’il te faut obéir.
César, ({u’à ta colère aucun de nous n’échappe ;
Commence ici par moi : si tu veux régner, frappe.
CÉSAR, (Les sénateurs sortent.)
Écoute… et vous, sortez. Brutus m’ose offenser ! Mais sais-tu de quels traits tu viens de me percer ? Va, César est bien loin d’en vouloir à ta vie. Laisse là du sénat l’indiscrète furie ; Demeure, c’est toi seul qui peux me désarmer ; Demeure, c’est toi seul que César veut aimer.
BRUTUS.
Tout mon sang est à toi, si tu tiens ta promesse ;
Si tu n’es qu’un tyran, j’abhorre ta tendresse ;
Et je ne peux rester avec Antoine et toi.
Puisqu’il n’est plus Romain, et qu’il demande un roi.
SCENE IV.
CÉSAR, ANTOINE.
ANTOINE.
Eh bien ! t’ai-je trompé ? Crois-tu que la nature Puisse amollir une âme et si fière et si dure ? Laisse, laisse à jamais dans son obscurité Ce secret malheureux qui pèse à ta bonté. Que de Rome, s’il veut, il déplore la chute ;