Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

i88 L’ENFx\NT PRODIGUE.

(Cnr chez Tiondon lu ii’rlais ])lus, jo ponso), Par nos parents riiii à l’aiitic promis, Nos cœurs rlanMit à l(^nrs ordres soumis ; Tout nous liait, la conformité d’Age, Celle des goûts, les jeux, le voisinage : Plantés exprès, deux jeunes arbrisseaux Croissent ainsi pour unir leurs rameaux. Le temps, l’amour (pii Jiàtait sa jeunesse, La fit plus belle, augmenta sa tendresse : — ^Tout l’univers alors m’eût envié ; Mais jeune, aveugle, à des méchants lié, Qui de mon cœur corrompaient l’innocence, i"vrc de tout dans mon extravagance, Je me faisais un lâche point d’honneur De mépriser, d’insulter son ardeur. Le croirais-tu ? je l’accablai d’outrages. Quels temps, hélas ! les violents orages Des passions qui troublaient mon destin A mes parents m’arrachèrent enfin. Tu sais depuis quel fut mon sort funeste : J’ai tout perdu ; mon amour seul me reste : Le ciel, ce ciel qui doit nous désunir, Me laisse un cœur, et c’est pour me punir,

JASMIN.

S’il est ainsi, si dans votre misère

Vous la r’aimez, n’ayant pas mieux A faire.

De Croupillac le conseil était bon

De vous fourrer, s’il se peut, chez Rondon.

Le sort maudit épuisa votre bourse ;

L’amour pourrait vous servir de ressource,

EUPHÉMON FILS.

Moi, l’oser voir ! moi, m’offrir à ses yeux, Après mon crime, en cet état hideux ! Il me faut fuir un père, une maîtresse : J’ai de tous deux outragé la tendresse ; Et je ne sais, ô regrets superflus ! Le(juel des deux doit me haïr le plus.