Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/536

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D’entrer à la toilette, et si madame Hortense
Voudra bien agreer mon humble révérence ?

LA FLEUR.

Non, monsieur Zoïlin.

ZOÏLIN.

Je n’entrerai point ?

LA FLEUR.

Non ;
Madame en, ce moment est avec Ariston.
(Il sort.)


Scène III.



ZOÏLIN.

Ce monsieur Ariston est heureux, je l’avoue :
Partout on le reçoit, on le féte, on le loue.
Le maître de céans, Cléon, est son appui,
Et laisse, en tout honneur, son épouse avec lui.
Je ne suis point jaloux, mais je sens qu’à mon âge
Piquer une antichambre est d’un bas personnage ;
Tandis que mon égal, du haut de sa faveur,
Se donne encor les airs d’être mon protecteur.
Cette amitié d’Hortense est pour moi fort suspecte…
Je sais que le public l’estime et la respecte…
Le public est un sot ; j’appelle, sans détour.
Une telle amitié le masque de l’amour.
Que le sort d’Ariston m’humilie et m’outrage [1] !


Scène IV



ZOÏLIN, UN LAQUAIS, porteur d’une lettre.


LE LAQUAIS.

Monsieur…

ZOÏLIN.

Que me veux-tu ?

LE LAQUAIS.

C’est, monsieur, un message.

  1. Voltaire se peint sous le nom d’Ariston. Cléon figure M. du Châtelet, et Hortense n’est autre que la belle Émilie. (G. A.)