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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/537

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ZOÏLIN.

Pour moi ?

LE LAQUAIS.

Non pas, c’ost pour \rislon, votre ami.
Le duc (rKlhoiirt ; ’ lattond à quelques pas d’ici.
On doit soiipor ce soir choz inadamo Tiillic,
Qui nous doiiiic le bal avoe la coiurdic.

ZOÏLIN.

Et moi, je n’en suis point ?

LE LAQUAIS.

Non, monsieur. Dites-moi
Où je pourrai trouver votre ami.

ZOÏLIN.

Par ma foi.
Je n’en sais rien. Cours, cherche.

(Le laquais sort.)


Scène V.



ZOÏLIN, seul.

Ha : je perds patience.
Que je souffre en secret ! quels dégoûts ! PLus j’y pense,
Moins je puis concevoir comment certaines gens.
Avec très-peu d’esprit, nul savoir, sans talents.
Ont trouvé le secret d’éblouir le vulgaire.
De captiver des grands la laveur passagère.
De faire adroitement leur réputation.
Chacun veut réussir, veut percer, cherche un nom.
Le plus petit gredin, dans l’estime du monde,
Croit s’ériger un trône où son orgueil se fonde ;
Et ce trône si vain, ce règne des esprits,
Ce crédit, ces honneurs, de quoi sont-ils le prix ?
Je vois qu’on y parvient par cent brigues secrètes.
Par de mauvais dîners que l’on donne aux poètes
Qui font bruit au Pont-Neuf, aux cafés, aux tripots.
Réussir quelquefois est le grand art des sots.
Pour moi, depuis trente ans j’intrigue, je compose.
J’écris tous les huit jours quelque pamphlet en prose.
Quels tours n’ai-je pas faits ? que n’ai-je point tenté ?
Cependant je croupis dans mon obscurité.