Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/593

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


PROMETHEE

On l'enlève : tyrans jaloux,
Dieux, vous m'arrachez mon partage ;
Il était plus divin que vous :
Vous étiez malheureux, vous étiez en courroux
Du bonheur qui fut mon ouvrage ;
Je ne devais qu'à moi ce bonheur précieux.
J'ai fait plus que Jupiter même,
Je me suis fait aimer. J'animais ces beaux yeux ;
Ils m'ont dit en s'ouvrant : Vous m'aimez, je vous aime.
Elle vivait par moi, je vivais dans son coeur,
Dieux jaloux, respectez nos chaînes.
O Jupiter ! ô fureurs inhumaines !
Eternel persécuteur.
De l'infortune créateur[1]
Tu sentiras toutes mes peines.
Je braverai ton pouvoir :
Ta foudre épouvantable
Sera moins redoutable
Que mon amour au désespoir.

  1. Dans sa lettre à Chabanon, du 18 décembre 1707, Voltaire se plaint des imprimeurs, qui avaient mis :

    De l'infortuné créateur.

    La faute n'est pas dans l'édition de 1748 ; mais on la commit dans l'édition de 1752. (B.)