Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/197

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Or les philistins fondirent sur Saül et sur ses enfans, et ils tuerent Jonathas, et Abinadab, et Melchisua, les fils de Saül… et tout le poids du combat fut sur Saül ; et les sagittaires le poursuivirent, et il fut griévement blessé par les sagittaires. Et Saül dit à son écuyer : tire ton épée et acheve-moi, de peur que ces incirconcis ne viennent et ne me tuent en m’insultant. Son écuyer effraié n’en voulut rien faire ; ainsi Saül tira son épée, et tomba sur elle[1].


LIVRE II

Isboseth fils de Saül avait quarante ans lorsqu’il commença à régner sur Israël ; et il régna deux ans ; et il n’y avait que la tribu de Juda qui suivit le parti de David ; et David demeura à Hébron sept ans et demi… il y eut donc une longue guerre entre la maison de Saül et la maison de David… or Saül avait eu une concubine nommée Respha, fille d’Aya. Et le roi Isboseth dit à son capitaine Abner : pourquoi es-tu entré dans la concubine de mon pere ? Le capitaine Abner, en colere, répondit au roi Isboseth : comment donc ! Tu me traites aujourd’hui comme une tête de chien ! Moi qui t’ai soutenu contre la tribu de Juda après la chûte de ton pere et de tes freres ! Il t’appartient bien de me chercher querelle pour une femme[2] ! Que

  1. il est étrange que le moment d’après l’auteur sacré raconte la mort de Saül d’une maniere toute différente ; car il dit qu’un amalécite vint se présenter à David, lui disant : Saül m’a prié de le tuer, et je l’ai tué ; et je t’apporte son diadême et son bracelet à toi mon maître. Laquelle de ces deux leçons devons nous adopter ? L’auteur donne une autorité pour la seconde leçon, il cite le livre des justes, le droiturier. Il y a encore là une terrible difficulté, que nous n’avons pas la témérité de résoudre. Comment ce même livre des justes, que nous avons vu écrit du temps de Josué, peut-il avoir été écrit du temps de David ? Il faudrait, disent les critiques, que l’auteur eût vécu environ quatre cents ans. Les commentateurs répondent, que c’était un livre où les lévites inscrivaient tous les noms des justes, ou tout ce qui concernait la justice. Il est triste qu’un tel livre, qui devait être fort curieux, ait été perdu sans ressource.
  2. tout rentre ici pour la premiere fois dans le train des choses ordinaires. L’intervention