Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome30.djvu/289

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Au premier livre il est dit que ce roi voulut s’emparer des boucliers d’or laissés par Alexandre Le Grand dans la ville d’élimaïs sur le chemin d’Ecbatane, qui est la même que Ragès ; qu’il mourut de chagrin dans ces quartiers, en apprenant que les Machabées avaient résisté à ses troupes en Judée. Au second livre il est dit qu’il tomba de son char, qu’il fut tellement froissé de sa chûte que son corps fourmilla de vers ; qu’alors ce roi de Syrie demanda pardon au dieu des juifs. C’est là qu’est ce verset si connu, et dont on a fait tant d’usage : le scélérat implorait la miséricorde du seigneur, qu’il ne devait pas obtenir . L’auteur ajoute qu’Antiochus promit à Dieu de se faire juif. Ce dernier trait suffit ; c’est comme si Charles-Quint avait promis de se faire turc.

DU TROISIÈME LIVRE DES MACHABÉES.

Nous ne dirons qu'un mot du troisième livre des Machabées, et rien du quatrième, jugés pour apocryphes par toutes les Églises.

Voici une historiette du troisième ; la scène est en Egypte. Le roi Ptolémée Philopator est fâché contre les Juifs, qui commerçaient en grand nombre dans ses États ; il en ordonne le dénombrement, et, selon Philon, ils composaient un million de têtes. On les fait assembler dans l'hippodrome d'Alexandrie. Le roi promulgue un édit par lequel ils seront tous livrés à ses éléphants pour être écrasés sous leurs pieds. L'heure prise pour donner ce spectacle. Dieu, qui veille sur son peuple, endort le roi profondément. Ptolémée, à son réveil, remet la partie au lendemain ; mais Dieu lui ôte la mémoire : Ptolémée ne se souvient plus de rien. Enfin, le troisième jour, Ptolémée, bien éveillé, fait préparer ses Juifs et ses éléphants. La pièce allait être jouée, lorsque soudain les portes du ciel s'ouvrent : deux anges en descendent ; ils dirigent les éléphants contre les soldats qui devaient les conduire; les soldats sont écrasés, les Juifs sauvés, le roi converti. Voilà cette fois

· · · · · · dignus vindice nodus[1].

On écrivait plaisamment l'histoire dans ce pays-là.

  1. Horace, de Arte poetica, 191.