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vous, monsieur, vous consoleront de l’ennui de ma lettre, et me feront pardonner mon importunité.

Je suis, avec la plus respectueuse estime, etc.


678. — À M. L’ABBÉ MOUSSINOT[1].
Ce 10 (novembre 1736), à Cirey.

Le dernier article de ma dernière lettre était 9°

10° M. Berger viendra chez vous, mon cher abbé. Vous aurez la bonté de lui donner la petite pendule d’or moulu qui vient de chez Dausserre, Je songe toujours aux tapisseries de la Henriade. Chevalier ne pourrait-il pas en venir exécuter les dessins à Cirey ? En sait-il assez pour cela ?

Oudry est bien cher ; mais en faisant faire deux tentures, ne pourrait-on pas avoir meilleur marché ? Si M. de Richelieu me paye, il faudra mettre là mon argent. Le visage de Henry IV et celui de Gabrielle d’Estrées en tapisserie ne réussiront pas mal. Les bons Français voudront avoir de ces tapisseries-là, surtout si les bons Français sont riches. Je pourrais même en faire trois tentures. Je crois qu’à présent nous n’avons guère de nippes, et guère d’argent ; mais le saint temps de Noël nous donnera, j’espère, quelque consolation.

J’attends de vos nouvelles.

Si on venait vous apporter une lettre pour M. Delafosse, ne faites pas semblant de me connaître, ni que ce M. Delafosse soit connu de moi, et envoyez la lettre dans votre paquet à Cirey.

Adieu, mon très-cher abbé.


679. — DE FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
Remusberg, 13 novembre 1736.

Voltaire, ce n’est point le rang et la puissance,
Ni les vains préjugés d’une illustre naissance,
Qui peuvent procurer la solide grandeur ;
Du vulgaire ignorant telle est souvent l’erreur ;
Mais un homme éclairé tient en main la balance ;
Lui seul sait distinguer le vrai de l’apparence :
Il n’est point ébloui par un trompeur éclat ;
Sous des titres pompeux il découvre le fat.
Et d’illustres aïeux ne compte point la suite.
Si vous n’héritez d’eux leurs vertus, leur mérite.

Il est d’autres moyens de se rendre fameux,
Qui dépendent de nous, et sont plus glorieux.

  1. Édition Courtat.