Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/187

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Je vous supplie de déterrer M. Pitot, de l’Académie des sciences ; il demeure cour du Palais, chez M. Arouet, trésorier de la chambre des comptes. Rendez-lui cette lettre, et réponse. Vale, te amo.


690. — À M. L’ABBÉ DU RESNEL.
Ce[1].

Mon cher ahbé, c’est bien mal reconnaître votre présent que de vous envoyer Marianne et Œdipe ; mais l’esprit de tolérantisme qui règne dans votre Essai sur la Critique, et que j’aime en cela comme en fait de religion, me donne un peu de hardiesse.

Cœur rempli de droiture, esprit plein de justesse,
Doux et compatissant pour les fautes d’autrui ;

voilà comme vous êtes, et voilà comme il faut que vous soyez pour moi. En vérité vous avez embelli Pope, et je ne connais que vous dans Paris capable de ce que vous avez fait. Plus je vous lis et plus je vous vois, plus je souhaite avec passion votre amitié et votre estime. Pardon, mon cher ami, si je ne viens pas vous dire chez vous tout ce que vous m’inspirez ; je suis lutiné par une maudite affaire qui ne me laisse pas un instant de tranquillité. Adieu, je vous embrasse mille fois.


691. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Ce 1er décembre.

Votre ministère, à l’égard de Cirey, {{lang|benefactor in utroque jure, est le même que celui des protecteurs des couronnes, à Rome. Vous veillez sur ce petit coin de terre ; vous en détournez les orages ; vous êtes une bien aimable créature. Vous sentez tout ce que je vous dois, car votre cœur entend le mien, et vous avez mesuré vos bontés à mes sentiments. Écoutez, nous sommes dans les horreurs de Newton ; mais l’Enfant prodigue n’est pas oublié. Mandez-moi vos avis, c’est-à-dire vos ordres définitivement. Faut-il le laisser reposer, et le reprendre à Pâques ? Très-volontiers ; en ce cas, nous attendrons à Pâques à le faire imprimer ; mais gare l’ami Minet[2] et les comédiens de campagne, qui en ont,

  1. La copie qui m’a été communiquée était, sans date ; mais je crois cette lettre de 1736. Il parut, cette année, de nouvelles éditions d’Œdipe et de Marianne ; le privilège est du 12 juillet. La lettre serait donc postérieure à ce privilège, et doit être des derniers mois de l’année 1736, si, quoique datée de 1737, la nouvelle édition de la traduction de Pope, par du Resnel, a paru à la fin de 1736. (B.)
  2. Copiste et souffleur de la Comédie française.