Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/251

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Louis XIV, dont j’aurai l’honneur d’envoyer un jour à Votre Altesse royale l’histoire manuscrite, a passé les dernières années de sa vie dans de misérables disputes, au sujet d’une bulle ridicule pour laquelle il s’intéressait sans savoir pourquoi ; et il est mort tiraillé par des prêtres qui s’anathématisaient les uns les autres avec le zèle le plus insensé et le plus furieux. Voilà à quoi les princes sont exposés : l’ignorance, mère de la superstition, les rend victimes des faux dévots. La science que vous possédez vous met hors de leurs atteintes.

J’ai lu avec une grande attention la Métaphysique de M. Wolff. Grand prince, me permettez-vous de dire ce que j’en pense ? Je crois que c’est vous qui avez daigné la traduire[1] ; j’y ai vu des petites corrections de votre main. Émilie vient de la lire avec moi.

C’est de votre Athènes nouvelle
Que ce trésor nous est venu ;
Mais Versailles n’en a rien su :
Ce trésor n’est pas fait pour elle.

Cette Émilie, digne de Frédéric, joint ici son admiration et ses respects pour le seul prince qu’elle trouve digne de l’être ; mais elle en est d’autant plus fâchée de n’avoir point le portrait de Votre Altesse royale. Il y a enfin quelque chose de prêt selon vos ordres. J’envoie celle-ci au maître[2] de la poste de Trêves, en droiture, sans passer par Paris ; de là elle ira à Vesel. Daignez ordonner si vous voulez que je me serve de cette voie. Je suis avec un profond respect, etc.


737. — À M. DU CLOS[3].
À Cirey, en Champagne, 3 avril 1737.

Si la personne, monsieur, que vous avez eu la bonté de nous proposer est encore dans le dessein de passer quelques années dans une campagne agréable, je crois que la chose n’est pas difficile, et j’imagine que Mme  du Châtelet pourra bien lui pardonner le grand défaut de n’être pas prêtre. Je l’ai souhaité ardemment, dès que j’ai su qu’il était présenté par vous, et je le regrette tous les jours. Voudriez-vous bien voir, avec M. Thieriot,

  1. La traduction était de Suhm ; voyez la note sur la lettre 705.
  2. Pidol.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.