Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cier. Sachez que c’est faire son bonheur que de la mettre près de vous. Vous avez tout, hors l’amour-propre. Le mien est extrême de pouvoir être uni à vous par les liens du sang, que je me propose ; mais ne nous enivrons point des fumées d’un vin que nous n’avons point encore bu. Ne croyons jamais que ce qui est fait. Je crois l’affaire en train, mais qui peut répondre des événements ? je ne réponds que de mon cœur, qui est à vous pour toujours. Venez me voir, ma chère amie, quand vous passerez près de la ville des entresols.


795. — À M. THIERIOT.
À Cirey, le 6 décembre.

Je vois par votre lettre, mon cher ami, que vous êtes très-peu instruit de la raison qui m’a forcé de me priver, pour un temps, du commerce de mes amis ; mais votre commerce m’est si cher que je ne veux pas hasarder de vous en parler dans une lettre qui peut fort bien être ouverte, malgré toutes mes précautions,

J’ai cru devoir mander[1] au prince royal la calomnie dont je vous remercie de m’avoir instruit. Vous croyez bien que je ne fais ni à lui ni à moi l’outrage de me justilier ; je lui dis seulement que votre zèle extrême pour sa personne ne vous a pas permis de me cacher cette horreur, et que les mêmes sentiments m’engagent à l’en avertir. Je crois que c’est un de ces attentats méprisables, un de ces crimes de la canaille, que les rois doivent ignorer. Nous autres philosophes, nous devons penser comme des rois ; mais malheureusment la calomnie nous fait plus de mal réel qu’à eux.

[2]Vous deviez bien m’envoyer les versiculets[3] du prince et la réponse. Vous me direz que c’était à moi d’en faire, et que je suis bien impertinent de rester dans le silence quand les savants

  1. Voyez plus haut la lettre 782.
  2. Cet alinéa et quelques-uns de ceux qui le suivent terminaient la lettre 787, avec quelques légers changements. Ces alinéas semblent être ici plus à leur place. Voici la différence la plus notable qu’on y remarquait : «  à louer Mme de La Popelinière ; mais je vous répondrai :
    Vainement ma muse échauffée,
    De ces tristes lauriers coiffée,
    Eût loué ccl objet, etc.
  3. Voltaire parle de ces vers dans la lettre 802 au prince royal.