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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/368

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rigé les premiers actes d’Œdipe, Zaïre, et tous mes petits ouvrages. Toujours enfantant, toujours léchant ; mais le monde est trop méchant.


802. — À FRÉDÉRIC, PRINCE ROYAL DE PRUSSE.
À Cirey, le 20 dérembre.

Monseigneur, j’ai reçu, le 12 du présent mois, la lettre de Votre Altesse royale du 19 novembre. Vous daignez m’avertir, par cette lettre, que vous avez eu la bonté de m’adresser un paquet contenant des mémoires sur le gouvernement du czar Pierre Ier, et, en même temps, vous m’avertissez, avec votre prudence ordinaire, de l’usage retenu que j’en dois faire. L’unique usage que j’en ferai, monseigneur, sera d’envoyer à Votre Altesse royale l’ouvrage rédigé selon vos intentions, et il ne paraîtra qu’après que vous y aurez mis le sceau de votre approbation. C’est ainsi que je veux ; en user pour tout ce qui pourra partir de moi ; et c’est dans cette vue que je prends la liberté de vous envoyer aujourd’hui, par la route de Paris, sous le couvert de M. Borcke, une tragédie que je viens d’achever[1], et que je soumets à vos lumières. Je souhaite que mon paquet parvienne en vos mains plus promptement que le vôtre ne me parviendra.

Votre Altesse royale mande que le paquet contenant le mémoire du czar, et d’autres choses beaucoup plus précieuses pour moi est parti le 10 novembre. Voilà plus de six semaines écoulées, et je n’en ai pas encore de nouvelles. Daignez, monseigneur, ajouter à vos bontés celle de m’instruire de la voie que vous avez choisie, et le recommander à ceux : à qui vous l’avez confié. Quand Votre Altesse royale daignera m’honorer de ses lettres, de ses ordres, et me parler avec cette boute pleine de confiance qui me charme, je crois qu’elle ne peut mieux faire que d’envoyer les lettres à M. Pidol, maître des postes à Trêves ; la seule précaution est de les affranchir jusqu’à Trêves ; et sous le couvert de ce Pidol, serait l’adresse à d’Artigny, à Bar-le-Duc. À l’égard des paquets que Votre Altesse royale pourrait me faire tenir, peut-être la voie de Paris, l’adresse et l’entremise de M. Thieriot, seraient plus commodes.

Ne vous lassez point, monseigneur, d’enrichir Cirey de vos présents. Les oreilles de Mme du Châtelet sont de tous pays, aussi bien que votre âme et la sienne. Elle se connaît très-bien en

  1. Mérope.