Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/486

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intention de choquer l’auteur des Mondes, que j’estime comme un des hommes qui font le plus d’honneur à ce monde-ci. C’est ce que je déclare publiquement dans les mémoires envoyés à tous les journaux. Continuez, mon cher ami à écrire à Cirey à votre ami.


868. — À M. PITOT[1].
18 mai.

Mon cher philosophe, en vous remerciant de tout mon cœur de M. Cousin[2], que vous me procurez ; il n’a qu’à travailler avec M. Nollet, sitôt la présente reçue ; et puisqu’il veut bien recevoir un petit honoraire, il lui sera compté du jour qu’il voudra bien aller chez M. l’abbé Nollet. Il pourra d’ailleurs m’acheter beaucoup d’instruments qui serviront à ses occupations et à ses plaisirs, quand il sera à Cirey. Vous voulez bien que je mette cette lettre pour lui dans la votre.

Je viens enfin de voir un exemplaire des Eléments de Newton. J’ai eu à peine encore le temps de le parcourir ; il est honteux combien cela fourmille de fautes, combien les cinq ou six derniers chapitres sont dérangés et barbouillés. J’avais bien raison de chercher à faire une édition correcte, à Paris, et franchement on aurait pu le permettre. Je suis très-affligé ; il y aura, sans doute, bien des gens qui prendront plaisir à m’imputer des erreurs qui ne sont pas les miennes. Il est triste de voir son enfant aussi mal traité ; mais encore faudrait-il ne pas reprocher au père les défauts de l’enfant que l’on a gaté en nourrice.

Il faut que je vous confie une autre affliction que j’ai sur le cœur, Peut-être m’adresse-je à mon juge, mais je suis toujours sûr que je m’adresse à mon ami.

J’ai composé pour le prix dont le sujet était la Nature et la Propagation du feu ; mon numéro était 7°, ma devise :

Ignis ubique latet, maturam amplectitur omnem :
Cuncta parit, renovat, dividit, unit, alit.

M. de Réaumur, à ce que l’on me mande, a dit que cette pièce avait concouru, et il paraît même qu’il lui aurait volontiers donné le prix ; mais, dit-il, cet ouvrage était fondé sur des principes un peu trop durs, et c’est ce qui a fait son malheur. Je suis

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Mécanicien et machiniste.