Vous savez que la grande affaire de Bouillé-Ménard n’avance point. Envoyez, je vous prie, M. Robert chez M. de Surville, intendant de M. de Richelieu, pour savoir au vrai à quoi cela tient, et ce qu’il faut que je fasse. Si cela est nécessaire, je vous conjure d’y aller vous-même. M. Bêgon et l’avocat sont-ils payés ? Vous ne m’en avez point parlé.
Parlez-moi aussi de mon portrait.
Je vous ai envoyé un billet de trois cent soixante livres à acquitter, mais c’est quand vous aurez de l’argent.
S’il y a quelque chose de nouveau, mandez-le-moi. Je vous embrasse tendrement.
Pour toute réponse à votre lettre, mademoiselle, je vais exécuter de point en point ce que votre critique judicieuse prescrit à mon imagination ; les deux bégueules me déplaisaient fort, ce comique n’est point du tout de mon goût : Lise, Euphémon, Rondon même, étaient pour vous ; les Croupillac, pour le peuple ; mais il faut oublier qu’il y a des polissons, et se souvenir seulement des gens de goût. Il me sera assez difficile de réduire la chose en trois actes ; mais je vais essayer de vous obéir, et ordonner au cothurne de se ranger pour faire place au brodequin que vous prenez sous votre protection. Voudriez-vous, mademoiselle, avoir la bonté de me mander si un acte peut être de cinq cents vers quand la pièce est en trois ? Ne trouvez-vous point la mesure des vers hasardée ?
Voici une autre idée qui me vient : une veuve, à la place des Croupillac, ferait elle un bon effet ? Pardon de mes importunités ; mais il faut bien s’adresser à vous lorsqu’on a envie de plaire. Vous jugez comme vous jouez, et je vous regarde comme la meilleure actrice et le meilleur conseil. Vous me permettez la soustraction du cérémonial ; l’estime, la reconnaissance, l’attachement, n’en veulent point. V.
Pour vous punir, mon cher ami, de n’avoir pas envoyé chercher le jeune Baculard d’Arnaud, étudiant en philosophie au
- ↑ Édition Courlat.