Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/77

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le théâtre. Je vous demande donc en grâce qu’on la joue telle que je vous la renvoie, et, quand il s’agira de l’impression, vous serez aussi sévère qu’il vous plaira.

Je ne vous pardonnerai de ma vie d’avoir, dans les représentations d’Alzire, ôté ce vers :

Je n’ai point leurs attraits, et je n’ai point leurs mœurs,

(Acte IV, scène ii.)

et d’avoir laissé subsister cette réponse.

Étudiez nos mœurs avant de les blâmer.

Il fallait bien que le premier vers fondât le dernier : cela me met dans un courroux effroyable. Adieu, mon cher et aimable Aristarque ; adieu, ami généreux.

Émilie vous fait les compliments les plus tendres et les plus vrais.

Elle veut absolument qu´Alzire paraisse avec la dédicace ; et moi, je vous demande en grâce que le Discours soit imprimé, au moins avec permission tacite, et débité avec Alzire.


592. — À M. BERGER.
À Cirey, le 5 avril.

Si je n’avais que la Henriade à corriger, vous l’auriez déjà, mon cher plénipotentiaire. Mais j’ai bien des occupations, et peu de temps. Vous n’aurez la Henriade que vers la fin du mois. Je confie avec plaisir aux soins du meilleur critique[1] de Paris le moins mauvais de mes ouvrages. Vous serez le parrain de mon enfant gâté. M. Thieriot approuve mon choix, et partage ma reconnaissance. Pour vous, mon cher correspondant, voulez-vous bien envoyer chez M. Demoulin les livres nouveaux dont vous croyez la lecture digne de la déesse de Cirey ? Vous n’en enverrez guère, et cela ne nous ennuiera pas. J’ai prié M. Thieriot de chercher le nouveau recueil[2] fait par Saint-Hyacinthe.

On parle d’une ode de Piron sur les Miracles. Le nom de Piron est heureux pour un sujet où il faut au moins douter. Si le Piron français est aussi bon poète que le Pyrrhon grec était sensé phi-

  1. Thieriot ne donna pas de remarques sur la Henriade.
  2. Recueil de divers écrits sur l’amour et l’amitié, la politesse, la volupté, les sentiments agréables, l’esprit, et le cœur ; 1736, in-12.