Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/82

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sion de la Pucelle : c’est de là qu’est venu l´orage qui m´a fait quitter Cirey.

M. le bailli de Froulai, qui connaît le terrain, qui a un cœur et un esprit digne du votre, m’a conseillé de poursuivre vivement l´éclaircissement de mon innocence ; l’affaire est simple. C’est Josse, François Josse, libraire, rue Saint-Jacques, à la fleur-de-lys, le seul qui n’ait point été mis en cause, le seul impuni, qui imprima le livre, qui le débita par la plus punissable de toutes les perfidies. Je lui avais confié l’original sous serment, uniquement afin qu’il le reliât pour vous le faire lire.

Le principal colporteur, instruit de l’affaire, est greffier de Lagny : il se nomme Lionais. J’ai envoyé à Lagny avant-hier ; il a répondu que François Josse était en effet l’éditeur. On peut lui parler.

Il est démontré que, pour supprimer le livre, j’avais donné quinze cents livres à Jore, de Rouen ; c’est Pasquier, banquier, rue Quincampoix, qui lui compta l’argent. Jore, de Rouen, fut fidèle, et ne songea à débiter son édition supprimée que quand il vit celle de Josse, de Paris. Voilà des faits vrais et inconnus. Échauffez M. Rouillé en faveur d’un honnête homme, de votre ami malheureux et calomnié.


600. — À M. DE CIDEVILLE.
Ce 6 mai, hôtel et rue d’Orléans.

Mon cher ami, je suis accablé de maladies, d’affaires, de chagrins ; je suis à Paris depuis douze[1] jours, comme dans un exil, et je m’en retourne bien vite.

Où est notre philosophe Formont ? Voici une Alzire pour vous et une pour lui ; je ne savais comment vous l’envoyer.

Vous n’êtes pas gens à qui on ne doive donner que ce qu’on donne au public ; je joins donc à cette Alzire une ode[2] sur laquelle il faut que vous me donniez vos conseils. Avez-vous des procès, mon cher ami ? Hélas ! j’en ai à Paris ; mais je vais vite faire tout ce que je pourrai pour les perdre, et pour m’en retourner.

On m’a assuré que Jore a fait faire à Rouen une édition en

  1. Il est probable que l’original portait 21 au lieu de 12, résultat d’une transposition de chiffres. Voltaire était à Paris dès le 16 avril 1736. (Cl.) – Peut-être aussi les deux lettres à Maupertuis (596 et 597), sont-elles datées à tort des 16 et 17, et doivent-elles l’être des 20 et 27 avril.
  2. L’Ode sur la Superstition, premier titre de l´Ode sur le Fanatisme.