Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome34.djvu/83

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trois volumes de mes ouvrages, où les Lettres philosophiques sont insérées : cela est d´autant plus vraisemblable qu’il avait à moi un tome de mes tragédies, qu’il ne m’a jamais rendu, quoiqu’il lui ait été payé ; il lui aura été facile de joindre en peu de temps deux tomes à ce premier. Ce Jore est devenu un scélérat, depuis que votre présence ne le retient plus ; il finira par se faire pendre à Paris, Je fais mettre mes Alzire au coche, plutôt que d’avoir l’embarras d’une contre-signature.

Parve (sed invideo), sine me, liber, ibis ad illum.

(Ovid., Trist., liv. I, élég. i, v. 1.)

Mon cher ami, cette lettre n’est qu’une lettre d´avis ; le cœur n’a pas ici un moment à soi ; les affaires entraînent, on ne vit point. Je vous embrasse avec la plus grande tendresse. Vous voyez votre cher Formont sans doute ; c’est comme si je lui écrivais. Il y a une Alzire dans le paquet pour M. du Bourg-Theroulde. Adieu ; il est bien injuste que Rouen ne soit pas une rue de Paris.


601. — À M. DE FORMOMT[1].
Paris, 11 mai.

Mon cher ami, je vous ai envoyé une Alzire, avec l’épître dédicatoire à Mme  la marquise du Châtelet. Cette épître avait essuyé quelques contradictions auprès des bégueules titrées et non titrées ; mais il me semble qu’elle doit réussir auprès des honnêtes gens. Le suffrage d’un homme qui pense est, par rapport aux cervelles non pensantes, comme l’infini est à zéro.

Mon cher ami, vous n’êtes point zéro à cet autre infini. Mme  du Châtelet, et mandez-lui si vous êtes content de l’épître.

Je vous ai aussi envoyé, par M. de Cideville, certaine ode sur la Superstition. Si j’avais du temps, j’en ferais une contre les procureurs et les avocats. J’ai trois procès, mon cher ami, j’enrage, et je vous aime. Écrivez-moi toujours, vous et M. de Cideville, à Paris, chez l’abbé Moussinot, cloître Saint-Merry. Je n’ai pas un moment à moi. Vale.


602. — À M. DE CIDEVILLE.
Hôtel et rue d’Orléans, ce 30 mai.

Point de littérature cette fois-ci, mon cher ami ; point de fleurs. Il s’agit d’une horreur dont je dois vous apprendre des nouvelles.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.