Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/13

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plus théâtral et augmente la terreur. Je pousserais la hardiesse jusqu’à leur faire écouter attentivement Zopire ; et, lorsqu’il dit :

Si du fier Mahomet vous respectez le sort ;

je voudrais que Séide dît à Palmire :

Tu l’entends, il blasphème

et que Zopire continuât :

Accordez-moi la mort
Mais rendez-moi mes fils à mon heure dernière.

Il n’est pas douteux qu’il ne faille, dans le couplet de Zopire, supprimer le nom d’Hercide. Il dira :

Helas ! si j’en croyais mes secrets sentiments,
Si vous me conserviez mes malheureux enfants[1], etc.

Il me semble que par là tout est sauvé.

À l’égard du cinquième, aimeriez-vous que Mahomet finit ainsi :

Périsse mon empire, il est trop acheté ;
Périsse Mahomet, son culte, et sa mémoire !

À Omar

Ah donne-moi la mort, mais sauve au moins ma gloire
Délivre-moi du jour, mais cache à tous les yeux
Que Mahomet, coupable est faible et malheureux.

La critique du poison me paraît très-peu de chose. Il me semble que rien n’est plus aisé que d’empoisonner l’eau d’un prisonnier. Il ne faut pas là de détails. Rien ne révolte plus que des personnages qui parlent à froid de leurs crimes.

Il y a une scène qui m’embarrasse infiniment plus c’est celle de Palmire et de Mahomet, au troisième acte. Vous sentez bien que Mahomet, après avoir envoyé Séide recevoir les derniers ordres pour un parricide, tout rempli d’un attentat et d’un intérêt si grand, peut avoir bien mauvaise grâce à parler longtemps d’amour avec une jeune innocente. Cette scène doit être très--

  1. Voyez tome IV, pages 148 et 166.