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1542. — À M. DE MARVILLE,
lieutenant général de police.
Bruxelles, le 30 octobre.

Monsieur, M. le cardinal de Fleury m’a fait l’honneur de me mander qu’il vous avait envoyé la lettre par laquelle je le suppliais que la petite affaire en question[1] vous fût renvoyée. J’aurais été bien affligé qu’un autre que vous s’en fût saisi, et vous savez mes raisons[2].

Je vous aurais, monsieur, la plus sensible obligation si vous pouviez découvrir le dépositaire infidèle qui a trafiqué du manuscrit. Je ne me plains point des libraires ; ils ont fait leur devoir d’imprimer clandestinement et d’imprimer mal. Mais celui qui a violé le dépôt mérite d’être connu. Je crois que vous avez d’autres occupations que cette bagatelle, et j’abuse un peu de vos bontés ; mais les plus petites choses deviennent considérables à vos yeux, lorsqu’il s’agit d’obliger.

Je crois savoir que le nommé Constantin a débité les premiers exemplaires au Palais-Royal. Je suis bien loin de demander qu’on en use sévèrement avec ce pauvre homme ; mais on peut remonter par lui à la source. Enfin je m’en remets à vos lumières et à vos bontés.

Voltaire.

1543. — À M. THIERIOT,
à paris.
À Bruxelles, le 3 novembre.

Je vous avoue que je suis aussi fâché que vous du retard que vous éprouvez. Nous en raisonnerons à loisir à Paris, où j’espère vous voir, avant la fin du mois,


Satisfait sans fortune, et sage en vos plaisirs[3].

  1. Manuel qui, le premier, fit imprimer cette pièce dans la Police dévoilée, rapporte la note marginale mise par le chef de la police, et que voici « Ne aire réponse à Voltaire que dans huit jours. Si Mérigot ne déclare point d’où il tient le Mahomet, le mettre en prison pour huit à dix jours. »
  2. L’auteur de Mahomet ne voulait avoir affaire qu’à de Marville, pour éviter toute relation avec Joly de Fleury, qui avait déjà opiné pour qu’on brûlât l’ouvrage et l’auteur. ( Cl.)
  3. Voyez, tome IX, la seconde leçon du premier Discours sur l’Homme, que Voltaire eut envie, pendant quelque temps, d’adresser nominativement à Thieriot.