Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/352

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Et qu’à des chants nouveaux et doux
Vos vers ont tendrement unies,
Ce n’est pas Zélindor[1], c’est vous
Qui semblez le roi des génies.

Puisque vous êtes aussi celui des bons cœurs, vous m’attachez à vous plus que jamais. Je ne souhaitais que la plus légère marque de la protection du roi ; j’ai plus que je ne mérite. Me voilà heureux dans ce monde. Les prières de Mme de Villars m’assurent de la félicité pour l’autre. Je sens que je ferais mon salut trop agréablement si je lui faisais quelquefois ma cour, et si j’avais la consolation de vous voir chez elle. V.


1708. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[2].
20 mars, samedi au soir.

Vous n’êtes jaloux que de faire du bien, et il y a peut-être des personnes qui sont un peu jalouses des fonctions de leur département. J’ai donc recours encore à vos bontés, monseigneur, pour vous supplier non-seulement d’encourager le roi, mais d’encourager aussi M. de Maurepas à terminer l’affaire qui me regarde[3], et à ne pas la faire à moitié. Je vous devrai le bonheur de ma vie ; mais je vous le dois encore bien davantage, pour la permission que vous m’avez toujours donnée de profiter des charmes de votre société et des agréments d’un esprit conduit par le meilleur cœur du monde : aussi vous savez si je vous suis attaché, et si mon tendre et respectueux dévouement dépend le moins du monde de la fortune.


1709. — À M. DE VAUVENARGUES.
À Versailles, ce 3 avril.

Vous pourriez, monsieur, me dire comme Horace :

Sic raro scribis, ut toto non quater anno[4].

Ce ne serait pas la seule ressemblance que vous auriez avec ce sage aimable. Il a pensé quelquefois comme vous dans ses vers ;

  1. Zélindor, opéra que Moncrif venait de faire jouer le 17 mars. La musique était de Francœur.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. C’est-à-dire à lui faire avoir son brevet d’historiographe. On le lui délivra le 1er avril.
  4. Horace, lib. II, sat. iii, v. 1.