Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/362

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à souper à la campagne ? Il faut être Maupertuis pour aller ainsi courir dans le Nord. Je reste en France, où je me trouverais encore mieux si Mme du Châtelet se mettait à dîner avec vous.

J’ai une grâce à vous demander pour ce pays du Nord : c’est de permettre que je vous adresse en Flandre un paquet pour M. d’Alion[1]. Ce sont des livres que j’envoie à l’Académie de Pétersbourg, et des flagorneries[2] pour la czarine.

Adieu, monseigneur je vous souhaite de la santé et la paix, et je vous suis attaché, comme vous savez, pour la vie.


1721. — À M. LE COMTE D’ALION[3].

Je vous supplie, monsieur, de présenter à Sa Majesté impériale un exemplaire de ma Henriade, et de lui faire remarquer le petit envoi qui accompagne le livre, et qui est à la première page.

Ce n’est pas tout, monsieur, et c’est ici qu’il faut encore que le nom de M. le marquis d’Argenson parle pour moi. Je vous envoie un exemplaire d’un livre sur la Philosophie de Newton. Je vous aurais, monsieur, une très-grande obligation de vouloir bien le donner à monsieur le secrétaire de l’Académie de Pétersbourg. J’ai déjà l’honneur d’être des Académies de Londres, d’Édimbourg, de Berlin, de Bologne, et je veux devoir à votre protection l’honneur d’être admis dans celle de Pétersbourg. Ce serait peut-être une occasion pour moi de pouvoir, quelque beau jour d’été, voyager dans la cour où vous êtes, et me vanter d’avoir vu la célèbre Élisabeth. J’ai chanté Élisabeth d’Angleterre ; que ne dirais-je point de celle qui l’efface par sa magnificence, et qui l’égale par ses autres vertus !

Ne pourrais-je pas vous avoir encore, monsieur, une autre obligation ? J’ai écrit, il y a quelques années, l’Histoire de Charles XII sur des mémoires fort bons quant au fond, mais dans lesquels il y avait quelques erreurs sur les détails des actions de ce monarque ; j’ai actuellement des mémoires plus exacts et fort supérieurs à ceux que M. Nordberg a employés. Mon dessein serait

  1. Louis d’Usson-Bonac, comte d’Alion, né le 7 janvier 1705 ; nommé, pour la seconde fois, en 1744, ministre plénipotentiaire de France en Russie, où il resta jusqu’en 1748. (Cl.)
  2. C’est la Lettre du roi (Louis XV) à la czarine (Élisabeth), rédigée par Voltaire à la demande du marquis d’Argenson, et imprimée dans les Mélanges, tome XXIII, page 197.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.