Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de les fondre dans une Histoire de Pierre le Grand ; ma façon de penser me détermine vers cet empereur, qui a été un législateur, qui a fondé des villes, et, j’ose le dire, son empire.

Si la digne fille de l’empereur Pierre le Grand, qui a toutes les vertus de son père avec celles de son sexe, daignait entrer dans mes vues et me faire communiquer quelques particularités intéressantes et glorieuses de la vie du feu empereur, elle m’aiderait à élever un monument à sa gloire, dans une langue qu’on parle à présent dans presque toutes les cours de l’Europe.


1722. — À M. NÉRICAULT DESTOUCHES[1].
Paris, ce 8 mai.

J’ai été à Châlons, monsieur, garder le fils de Mme du Châtelet, qui avait la petite vérole ; c’est là que j’ai lu et relu le beau recueil[2] dont vous avez bien voulu me faire présent. J’en ai senti tout le prix, et j’avoue que je ne reviens point d’étonnement que les comédiens ne jouent pas tous les jours vos belles pièces. Les comédiens n’entendent guère leurs intérêts, ce me semble, de ne pas nous donner souvent Le le Médisant, l’Homme singulier, l’Ingrat, le Curieux impertinent, l’Ambitieux, en un mot ce que vous avez fait.

Je viens de relire encore le Dissipateur, qui me paraît un ouvrage bien digne de vous. J’avoue que je donne la préférence au Glorieux, dont vous savez que j’ai toujours été idolâtre. Mais il n’y a aucun de vos ouvrages que je ne voulusse voir paraître sur le théâtre ; nous les verrons apparemment, quand il y aura des comédiens dignes de les jouer. En attendant, leur lecture me consolera. Ceux qui aiment la vraie morale doivent en faire leurs délices : je suis bien fâché d’être privé de celles de votre conversation ; l’homme et l’auteur me seront toujours également chers. Pardonnez à un pauvre malade, s’il ne vous ecrit pas de sa main ; il ne vous est pas moins tendrement attaché.


1723. — À M. DE CIDEVILLE.
À Paris, ce 12 mai.

Je suis réduit à la prose, mon cher ami, en qualité de malade. Je sens que bientôt je ne vivrai plus que par la seconde

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le Théàtre de Destouches.