Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/338

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lettre. Il faut bien, après tout, que Votre. Majesté connaisse ce que pensent les hommes de l’Europe qui pensent le mieux.

Je supplie Votre Majesté de me renvoyer ma lettre, car je ne veux pas perdre à la fois vos bonnes grâces et la lettre de M. de Chauvelin.


2285. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Frère, si loquela sua manifestum hune facit[1], s’il est Piémontais, matelot et fripon[2], Dieu soit loué, et les méchants confondus ! mais cette belle obédience ! mais cette croix ! mais ces lettres ! Frère, il y a de grandes présomptions contre ce saint. Cependant tremblons de condammer nos frères légèrement, examinons encore. Craignons les justes jugements de Dieu. Je me recommande à vos prières, et je m’anéantis devant le Tout-Puissant. La paix soit avec vous.


2286. — À FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.

Sire, je supplie Votre Majesté de daigner jeter les yeux sur ce petit billet, qui finit par un que. Il est adressé à votre ministre d’Hamon. Je n’ose prier Votre Majesté d’achever ma phrase. Plût à Dieu que, etc. M. d’Hamon me servirait dans ma détresse, si vous daigniez, sire, mettre que, que, que, vous n’en serez pas fâché ; du moins je me flatte que Votre Majesté me permettra de le dire. Il faut s’attendre dans ce monde à des tribulations ; mais, quand on est auprès du digne auteur de l’Art de la guerre, on est bien consolé. J’attends vos beaux vers avec plus d’impatience que mon que. Ils me sont aussi nécessaires que votre protection.


2287. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.

Vous voyez ce qu’il m’en coûte pour trouver grâce devant vous. J’ai déjà envoyé à Mme  Denis trois feuilles du Siècle de Louis XIV. Je ne crois pas qu’elles réussissent auprès d’un certain homme[3] de beaucoup d’esprit, à qui j’ai grande envie de plaire. Louis XIV est sa bête, et il me semble que j’en ai fait un

  1. Matthieu, xxvi, 73.
  2. Voyez la lettre 2283.
  3. L’abbé de Chauvelin.