de Baireuth en a donné des copies, et j’en suis fâché pour plus d’une raison. Que faire ? il faudra le publier, après y avoir mis sagement la dernière main. J’en fais autant de la jérémiade sur Lisbonne. C’est actuellement un poëme de deux cent cinquante vers. Il est raisonné, et je le crois très-raisonnable. Je suis fâché d’attaquer mon ami Pope, mais c’est en l’admirant. Je n’ai peur que d’être trop orthodoxe, parce que cela ne me sied pas ; mais la résignation à l’Être suprême sied toujours bien.
Encore une fois une tragédie vaudrait mieux ; mais le génie poétique est libre et commande ; il faut attendre l’inspiration. J’apprends qu’on a imprimé la Religion naturelle[1] à Mme la duchesse de Gotha, aussi bien que celle au roi de Prusse. Je me vois comme l’âne de Buridan[2].
Quand vos yeux séduisent les cœurs,
Vos mains daignent coiffer les têtes ;
Je ne chantais que vos conquêtes,
Et je vais chanter vos faveurs.
Voilà ce que c’est, ma belle voisine, de faire des galanteries à des jeunes gens comme moi ! Ils vont s’en vanter partout. Vous me tournez la tête encore plus que vous ne la coiffez, mais vous en tournerez bien d’autres.
Mille tendres respects à père et mère, etc.
Si je n’avais pas une nièce, mon héros, vous m’auriez vu à Lyon. Je vous aurais suivi à Toulon, à Minorque. Vous auriez eu votre historien avec vous, comme Louis XIV. Que les vents et la fortune vous accompagnent ! Je ne peux répondre d’eux, mais je réponds que vous ferez tout ce que vous pourrez faire. Si jamais